dimanche 5 février 2006

1064 - Malheur aux Vaincus

... la vingtaine "d'exécutions extra-judiciaires" officiellement attribuées à la Brigade juive de l'armée britannique ne constitue évidemment qu'une part infime des milliers d'exécutions du même type qui s'opérèrent dans tous les pays d'Europe dès les premières heures de leur libération.

Partout, l'on vit des civils ordinaires, des résistants de la première ou de la vingt-cinquième heure, mais aussi des militaires d'armées régulières, partir à la chasse aux soldats et officiers allemands, ainsi qu'à leurs supplétifs et collaborateurs nationaux, qu'ils traitèrent plus ou moins bien selon l'humeur du moment et la gravité des faits qui leur étaient reprochés.

Si la plupart des membres de la Wehrmacht capturés se retrouva finalement internée en Europe, les conditions de détention - bien que variant énormément d'un pays à un autre - furent dans tous les cas sévères et parfois fort éloignées des "Lois de la Guerre" comme des "Conventions de Genève" tant vantées.

Ainsi, sur plus d'un million de prisonniers de guerre allemands qui, de 1944 à 1948, furent détenus sans jugement ni avocats dans des camps français, près de 70 000 d'entre eux y moururent de froid, de dysenterie, de sous-alimentation, de mauvais traitement,... ou carrément d'explosions survenues lors des travaux de déminage auxquels ils étaient astreints (1). De même, des centaines de milliers de prisonniers de guerre allemands furent envoyés croupir pendant des années dans des camps sibériens au taux de mortalité véritablement effarant : c'est ainsi que sur les 90 000 soldats capturés à Stalingrad en 1943, seuls 5 000 revirent finalement l'Allemagne, 10 ans plus tard...

Aussi rude puisse-t-il paraître, le traitement que subirent les prisonniers allemands de la Wehrmacht fut sans commune mesure avec celui que connurent les membres de la Waffen-SS, a fortiori lorsque volontaires étrangers rendus à leurs propres compatriotes. Ainsi en fut-il d'une douzaine de SS français de la division Charlemagne capturés par les troupes régulières du général Leclerc, à Bad Reichenhall, le 8 mai 1945

Arrivé sur place, le général Leclerc voulut les interroger personnellement.

- "Pourquoi portez-vous un uniforme allemand ?", demanda le général
- "Et vous, pourquoi portez-vous un uniforme américain ?", rétorqua un des SS français

Le trait d'humour n'eut manifestement pas le don de plaire au général Leclerc, lequel les fit fusiller séance tenante, et sans jugement, par ses propres troupes...

(1) Fabien THEOFILAKIS Les prisonniers de guerre allemands en mains françaises au sortir de la seconde guerre mondiale, Libération, 19 nov. 2003

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