vendredi 3 février 2006

1062 - vengeance, represailles et puis vengeance

... bien avant le procès de Nuremberg, bien avant tous les procès criminels ou de "dénazification" qui, partout en Europe, suivirent la capitulation allemande, avant-même la fin de la guerre, une multitude de "règlements de comptes" et autres "exécutions extra-judiciaires" avaient déjà eu lieu à l'encontre des criminels (ou supposés criminels) de guerre allemands.

C'est par exemple le gouvernement britannique qui envoie un commando de partisans tchèques assassiner Reynhard Heydrich - chef du SD, numéro 2 de la SS - à Prague le 27 mai 1942, mais ce sont aussi, et surtout, les multiples mouvements de résistance qui, avec ou sans ordres de Londres ou de Moscou, et à travers toute l'Europe, exécutent soldats et officiers allemands, provoquant ainsi, volontairement ou non, une kyrielle de représailles allemandes sur la population civile des pays occupés.

Comme le souligna le général Kesselring au procès de Nuremberg, "beaucoup de cruautés auraient pu être évitées [par l'armée allemande] s'il n'y avait pas eu de guerre derrière le Front. (...) Souvent, des civils arrêtaient une voiture et abattaient des soldats. Dans d'autres cas, on incitait les soldats à venir dans un village pour les assassiner. Il est impossible à un chef militaire de rester les bras croisés quand ses soldats se font tuer autrement qu'au combat" (1)

Aussi opportuniste qu'il puisse paraître, cet argument, invoqué par bon nombre de responsables allemands pour justifier le caractère parfois extrêmement brutal de la répression, ne peut pas être balayé d'un simple revers de la main. Il est en effet plus que vraisemblable qu'il existe un rapport, sinon exactement proportionnel du moins relativement proportionnel, entre le degré de résistance et le degré de répression. Or donc, si l'on admet que la Résistance a participé à l'effort de guerre allié, on doit également admettre que ses actes ont entraîné la mort de civils innocents, soit directement (comme dans le cas du civil qui se trouve au mauvais endroit au moment la Résistance frappe) soit indirectement (par la répression, les représailles, etc)

Du reste, celui qui commet un attentat sait pertinemment bien que celui-ci entraînera des représailles qu'il espère profitables à sa cause, donc à l'émergence de nouveaux attentats qui engendreront à leur tour de nouvelles représailles dans une logique de guerre de plus en plus totale....

(1) Gellately, Les entretiens de Nuremberg, page 396

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