dimanche 22 janvier 2006

1050 - la jeep volante

... durant la Seconde Guerre mondiale, la plupart des ingénieurs aéronautiques passèrent leur temps à tenter d'affiner la silhouette de leurs créations afin de leur permettre de voler toujours plus haut et plus vite.

Plus terre-à-terre, ou simplement plus original, Raoul Hafner préféra quant à lui passer son temps à apprendre à voler à... une Jeep (!)

Génial petit véhicule à quatre roues motrices d'environ une tonne, la Jeep jouait assurément un rôle essentiel dans la victoire des Alliés contre les forces de l'Axe. Mais, malgré ses qualités, elle ne pouvait tout de même pas se déplacer aussi vite qu'un avion, donc accompagner les commandos parachutistes alors régulièrement largués derrière les lignes ennemies.

Comme il n'existait pas encore d'avions capables de l'emporter dans les airs puis - surtout - de la parachuter en plein vol, ne restait comme solution que de la hisser à bord d'un gros planeur de transport, lui-même tracté jusqu'à l'objectif par un puissant bombardier quadrimoteur. Une opération fastidieuse, pas vraiment discrète et qui exigeait beaucoup de moyens et de préparation.

Hafner, qui s'intéressait aux hélicoptères et autogyres depuis les années 1920, eut alors l'idée de se passer de planeur de transport en transformant tout simplement en planeur la Jeep elle-même.

Fondamentalement, le "Rotabuggy" était donc une Jeep ordinaire, prolongée à l'arrière par un demi-fuselage et des empennages démontables, et surmontée par un rotor libre fonctionnant sur le principe des autogyres. Au décollage, et en théorie, la Jeep était remorquée par l'avion-tracteur jusqu'à une vitesse d'environ 60 kms/h, suffisante pour embrayer le rotor dont l'action soulevait le véhicule et le métamorphosait en planeur. La Jeep désormais volante était alors tractée par l'avion jusqu'à l'objectif, et s'y posait, toujours remorquée par l'avion. Il suffisait ensuite de démonter le rotor et le demi-fuselage - récupérés pour d'autres missions - et de s'en aller tranquillement avec la Jeep.

La réalité des tests, à la fin de 1943, s'avéra hélas sensiblement différente de la théorie, et valut tant de frayeurs à ses utilisateurs qu'il fut finalement décidé de s'en tenir sagement à la formule éprouvée du véritable planeur de transport, et ce jusqu'à l'apparition, après-guerre, d'avions-cargos enfin capables de les emporter et de les parachuter directement du haut des airs...

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