mercredi 30 novembre 2005

997 - "Je ne sais plus que faire. Ils sont encore arrivés par centaines. Je n'ai ni toit ni vivre ni rien".

... "les trains déversaient les gens sur les marchés, à la gare, n'importe où", déclara Fritz Artl, chef du service de la Population auprès du Gouvernement général de Pologne. "Tout le monde s'en fichait. Nous avons reçu un coup de fil du responsable de district qui se plaignait : "Je ne sais plus que faire [des Juifs]. Ils sont encore arrivés par centaines. Je n'ai ni toit ni vivre ni rien".

De fait, dès l'automne 1939, des centaines de milliers de Juifs déportés d'Allemagne et des régions rurales de Pologne se retrouvèrent propulsés dans des ghettos polonais - comme celui de Lodz - déjà surpeuplés, où ils durent se trouver une place - et un toit - au milieu des Juifs locaux qui - on le comprend aisément - n'apprécièrent pas outre mesure l'irruption de ces nouveaux venus dans les pièces minuscules où ils logeaient déjà à huit ou neuf et survivaient avec presque rien.

Rien n'étant prévu pour pallier le manque de logement, ou augmenter les rations alimentaires chichement livrées aux ghettos, la mortalité devint bientôt effrayante... ce qui eut au moins le mérite de diminuer quelque peu la surpopulation et de répondre finalement au désir des autorités allemandes de se débarrasser des Juifs par tous les moyens possibles, ce qui n'empêcha nullement nombre d'entre eux de réclamer une accélération du processus, ne serait-ce que pour des raisons... humanitaires.

"Le danger existe, cet hiver, qu'on ne puisse plus nourrir tous les Juifs", écrivit le SS Rolf-Heinz Höppner en juillet 1941. "Il faut se demander honnêtement si la solution la plus humaine ne serait pas d'achever les Juifs inaptes au travail au moyen de quelque système rapide. En tout cas, ce serait plus plaisant que de les laisser mourir de faim".

Au même moment, Helmut Meinhold, économiste allemand, calcula le plus sérieusement du monde que près de six millions de Polonais "étaient en excédent par rapport aux besoins" et constituaient des "fardeaux" (Ballastexistenzen) ainsi qu'un véritable "gaspillage d'espace"...

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