mardi 22 novembre 2005

989 - du haut en bas de l'échelle

... employé de bureau banal, et soldat SS on ne peut plus basique, Oskar Gröning était tout bonnement représentatif de ces millions d'Allemands ordinaires, que gênait non pas le principe de l'éradiction totale des Juifs d'Europe, mais tout bonnement la manière dont cette éradication était menée.

Et comment leur en vouloir puisque, du haut en bas de l'échelle, tout le monde pensait de même..

A un Hermann Goering qui pensait "avant tout à en découdre avec les Juifs", réclamait une "Solution finale au problème juif" mais "ne trouvait pas très chic de tuer des enfants" (sic), répondait la quasi-totalité des officiers supérieurs.

Cherchant à déchiffrer les mystères du "suivisme allemand", qui avait vu ce pays tout entier renoncer à la démocratie pour se tenir derrière son Führer jusqu'à la fin, les experts du SHAEF américain interrogèrent ainsi plus de 300 généraux allemands capturés. Dans les conclusions de leur rapport on peut lire :

"Ces généraux approuvent tout acte qui réussit. Le succès est bon. Ce qui ne réussit pas est mauvais. Il était, par exemple, mauvais de persécuter les Juifs avant la guerre car cela a dressé les Anglo-américains contre l'Allemagne. Il aurait été bon d'ajourner la campagne antijuive pour ne la commencer que lorsque l'Allemagne aurait eu gagné la guerre".

De même, "il était mauvais de bombarder l'Angleterre en 1940. Si l'on s'en était abstenu, la Grande-Bretagne se serait jointe à Hitler dans la guerre contre la Russie. Il était mauvais de traiter les Russes et les Polonais comme du bétail, car maintenant, ils vont traiter les Allemands de la même façon (...) Il ne s'agit pas là de déclarations isolées de généraux pronazis, mais des réflexions de presque tous ces hommes. Qu'il soit moralement inadmissible d'exterminer une race ou de massacrer les prisonniers leur apparaît à peine. La seule horreur qu'ils ressentent à l'endroit des crimes allemands est qu'ils pourraient eux-mêmes, par quelque monstrueuse injustice, en être accusés par les Alliés"

Et lorsque, par extraordinaire, ils consentaient enfin à reconnaître la réalité de l'horreur nationale-socialiste, ils en rendaient "la direction", "les chefs", et in fine "Le Führer", pour seuls responsables. Eux n'étaient coupables de rien. Ils avaient été "belogen und betrogen", trahis et trompés.

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