lundi 21 novembre 2005

988 - un Allemand bien ordinaire

... Oskar Gröning est l'exemple-typique de ces innombrables Allemands d'une banalité affligeante qui, en toute connaissance de cause, assassinèrent des millions de Juifs dans les campagnes, les villes, les villages ou les camps.

Modeste employé de bureau, le jeune Oskar s'engagea dans la SS à la déclaration de guerre, par idéal patriotique. En 1942, à l'âge de 21 ans, il fut muté au camp d'Auschwitz et assista pour la première fois à l'arrivée d'un convoi chargé de Juifs. "Je me trouvais sur la rampe et je faisais partie d'un groupe chargé de surveiller les bagages du convoi qui arrivait", déclara-t-il bien après la guerre.

Lors de la traditionnelle séparation, par les médecins SS, entre les Juifs qui étaient aptes au travail et ceux qu'il fallait gazer tout de suite (et qui représentaient de 80 à 90% du total), Oskar remarqua que "on chargeait les malades sur des camions. Des camions de la Croix Rouge. Ils essayaient toujours de donner l'impression que les gens n'avaient rien à craindre. (...) Le processus [de sélection] se déroula dans un ordre relatif. Quand il fut terminé, cependant, on aurait cru un champ de foire. Il y avait des tas de détritus et, à côté de ces ordures, des malades incapables de marcher, peut-être un enfant qui avait perdu sa mère, ou quelqu'un qui s'était caché pendant qu'on fouillait le train. Et tous ces gens, on se contenta de les tuer d'une balle dans la tête"

Oskar remarqua aussi "un enfant qu'on tirait par la jambe et qu'on jetait dans un camion. Et quand il s'est mis à pleurer comme un gamin malade, ils l'ont balancé contre le bord du camion. Je n'arrivais pas à comprendre qu'un SS prenne un enfant pour lui frapper la tête sur le côté d'un camion, ou qu'il les abatte d'une balle avant de les lancer dans le camion comme un sac de blé"

Révolté par cette vision, le jeune Oskar s'en alla voir son supérieur : "Ce n'est pas possible, je ne peux plus travailler ici", déclara-il avant d'ajouter "S'il est nécessaire d'exterminer les Juifs, qu'au moins on le fasse dans un certain cadre !"

Ce qui révoltait Oskar, jeune Allemand ordinaire, ce n'était pas le fait qu'on assassine ces hommes, ces femmes, ces vieillards, ces enfants juifs : c'était le fait qu'on s'y prenne de cette manière...

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