vendredi 18 novembre 2005

985 - les bourreaux volontaires de Hitler

... s'il pouvait arriver que les chasseurs et tueurs de Juifs soient victimes de troubles psychologiques liés à la pénibilité de leur travail, et si la création des camps d'extermination permit finalement de réduire ces "maladies du travail", on aurait pourtant tort d'en conclure à une véritable réticence des intéressés à l'égard du travail lui-même.

A aucun moment, ceux-ci n'ont en effet remis en cause la finalité du programme, c-à-d la nécessité d'éradiquer la race juive d'Europe. A aucun moment ils ne se sont élevés contre le fait d'envoyer des millions d'hommes, de femmes et d'enfants à l'abattoir.

Ce qui leur posait - parfois - problème, c'était la trop grande proximité par rapport à leurs victimes. C'était le fait de devoir assassiner de leurs propres mains, et en face à face, non plus des Juifs adultes - comme au début de l'invasion de l'URSS - mais bien des vieillards, des femmes, des enfants et même des bébés dont plus personne ne pouvait décemment prétendre qu'ils représentaient une menace pour l'Allemagne et leur propre vie de soldats.

Pour autant, rarissimes ont été ceux qui refusèrent de tuer, ou même qui demandèrent leur mutation dans d'autres unités. Pareils refus et demandes étaient pourtant possibles, même au sein de la SS, et des auteurs comme Gellately ou Goldhagen ont clairement démontré que dans les rares cas où cela se produisit, les auteurs ne furent généralement ni exécutés, ni emprisonnés, ni même sanctionnés.

Contrairement à une opinion aujourd'hui très répandue, les tueurs n'étaient donc pas de simples robots décervelés agissant contre leur gré, "pour obéir aux ordres" et à seule fin "d'éviter des sanctions" : c'étaient des individus de chair et de sang, des hommes rationnels, des pères de famille ordinaires et parfaitement capables de porter un jugement sur leurs actes.

Personne n'était contraint d'éclater la tête de bébés juifs à coups de pistolets, de fusiller des Juives dévêtues à la mitrailleuse lourde, rangée après rangée, ni de se porter volontaire pour cette activité. Personne n'était obligé d'ajouter l'humiliation et la torture au simple fait d'exécuter les Juifs capturés. Quant à ceux qui battaient la campagne où fouillaient les maisons à la recherche de Juifs, rien ne les empêchait de détourner le regard quand ils en apercevaient un, ou de ne mettre aucun enthousiasme dans leur battue.

Très peu le firent. La plupart rivalisèrent au contraire de zèle et d'ardeur dans cette discipline,... tout simplement parce qu'ils en approuvaient le but et les moyens...

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