jeudi 17 novembre 2005

984 - on achève bien les Juifs

... exterminer les Juifs à coups de poings, de bâtons ou de fusils, jour après jour, mois après mois, était une entreprise aussi lente que passablement éreintante, et de surcroît non dénuée de risques non pas physiques - les victimes étaient désarmées et ne résistaient presque jamais - mais psychologiques : tous les tueurs n'appréciant pas nécessairement de voir gicler la cervelle d'enfants ou de bébés juifs directement sur leur uniforme.

La création, en Pologne, de quatre camps d'extermination (Chelmno, Belzec, Sobibor, Treblinka) et de deux camps "mixtes" (Auschwitz-Birkenau, Majdanek) réunissant les fonctions d'extermination et de concentration, constituait la réponse "humaine" - du point de vue allemand - au délicat problème de la fragilité émotionnelle des tueurs. A eux six, ces camps liquidèrent plus de 2,5 millions de Juifs.

La "chasse aux Juifs" n'en continua pas moins tout au long de la guerre, ne serait-ce que pour remplir les convois ferroviaires destinés aux camps d'extermination, convois que les services d'Adolf Eichmann organisaient à la grandeur de l'Europe occupée.

Commentant la déportation des Juifs de Miedzyrzec, un soldat du 101ème bataillon de police déclara : "Une chose particulièrement cruelle, je m'en souviens, était la manière dont les Juifs étaient entassés dans les wagons. Les wagons étaient si pleins qu'on avait du mal à fermer les portes coulissantes : souvent, on devait s'aider du pied"

Le traitement des Juifs ainsi entassés dans des conditions inimaginables contrastait singulièrement avec celui des bestiaux pour lesquels ces wagons étaient en principe conçus.

Le 11 juin 1943, un colonel allemand réprimanda en ces termes les unités coupables de cruauté envers les animaux de boucherie : "Il faut, avec une vigueur accrue, prendre des mesures pour empêcher la cruauté envers les animaux (...) Une attention particulière doit être accordée aux bovins, car l'excès de chargement des wagons de transport a entraîné de lourdes pertes d'animaux, ce qui a gravement nui à l'approvisionnement"

L'excès de chargement de Juifs ne posait en revanche aucun problème: ceux qui mourraient en route n'auraient pas à être assassinés à Auschwitz...

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