lundi 14 novembre 2005

981 - on continue d'improviser

... le 15 août 1941, Heinrich Himmler se rendit à Minsk afin d'y juger par lui-même l'efficacité de ses escadrons de la Mort. Officier de liaison de la Luftwaffe, et cameraman au QG de Hitler, Walter Frentz assista à la scène.

"Je suis allé sur les lieux de l'exécution, et le commandant de la police auxiliaire m'a ensuite abordé parce que j'étais de l'Armée de l'Air. "Lieutenant, m'a-t-il dit, je n'en peux plus. Vous ne pouvez pas me tirer de là ? (...) Je n'en peux plus, c'est épouvantable""

A l'évidence, les conditions dans lesquelles s'opéraient les tueries ébranlaient les Nazis eux-mêmes, qui s'inquiétaient non pas de la vie des Juifs qu'ils devaient assassiner, mais plutôt de la santé mentale des policiers et soldats chargés des assassinats. Himmler finit par se ranger aux plaintes de ses subordonnés, et ordonna de rechercher des méthodes qui aboutiraient au même résultat tout en créant moins de troubles psychologiques.

Sous-lieutenant dans la SS, le docteur Albert Widmann avait déjà collaboré au gazage des malades et handicapés mentaux allemands. Rencontrant Artur Nebe, chef de l'Einsatzgruppe B, à Minsk peu de temps après le départ de Himmler, ce fonctionnaire zélé se fit un devoir de trouver une solution qui rencontrerait les désirs de son chef.

Les débuts furent pour le moins tourmentés, pour ne pas dire surréalistes : l'une des premières méthodes que Widmann essaya consista en effet à faire sauter les victimes à l'explosif, à l'intérieur d'un bunker (!)

"Le spectacle était atroce", raconta le capitaine Wilhelm Jaschke. "L'explosion n'avait pas été assez forte. Certains blessés sortirent de la tranchée en rampant et en hurlant. Le bunker s'était totalement effondré. Des lambeaux de corps étaient éparpillés sur le sol, accrochés aux arbres. Le lendemain, nous avons ramassé ces corps déchiquetés et les avons jetés dans le bunker. Les parties accrochées trop haut dans les arbres, nous les avons laissées sur place"

A l'évidence, l'explosif n'était pas la bonne solution...

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