dimanche 13 novembre 2005

980 - on improvise

... à Lomazy, et dans des centaines d'endroits semblables, les Allemands forcèrent les Juifs à creuser une énorme fosse, puis à s'y allonger pour y recevoir une balle dans la tête.

"La vague suivante devait venir s'allonger sur les cadavres sanglants de leurs prédécesseurs, aux crânes éclatés. La fosse se remplissait progressivement. [Debout dans la fosse] les Hiwis (*) ne cessaient de boire, ils étaient ivres et leur tir était de moins en moins précis (...) de nombreux Juifs n'étaient pas tués par la balle (...) les nouveaux groupes de Juifs qui arrivaient dans la fosse étaient parfois contraints de s'allonger sur des corps sanglants, en proie aux convulsions de l'agonie (...) Et il y avait pire encore : en creusant la fosse, on avait atteint la nappe phréatique et, l'eau montante se mêlant au sang, des cadavres commençaient à flotter"

Le tir des supplétifs Hiwis se faisant de moins en moins précis à mesure que l'alcool se raréfiait, les soldats allemands n'eurent bientôt plus d'autre choix que de prendre la relève.

"On a refusé parce qu'il y avait déjà près de 50 centimètres d'eau dans la fosse", raconta un soldat allemand. "En plus, il y avait partout des cadavres qui flottaient (...) On a décidé que les exécutions devaient se faire en deux groupes, chacun de huit ou dix hommes. La méthode adoptée était différente de celle des Hiwis : ces deux pelotons d'exécution se mettraient sur les deux bords opposés de la fosse (...) Chaque homme tirait sur les Juifs qui étaient du côté opposé au sien. Chaque peloton tirait environ une demi-heure avant d'être relevé"

La boucherie dura ainsi pendant deux heures et aboutit à la mort d'environ 1 700 Juifs, hommes, femmes et enfants.

"J'ai encore cette scène dans la tête, raconta un des soldats allemands, et je me suis dit à l'époque que [la fosse débordant de cadavres] on ne pourrait même pas recouvrir les corps de terre"

(*) abréviation de les "Hilfwillige", les Hiwis étaient des auxiliaires russes servant, volontairement ou non, dans l'armée allemande. Souvent prisonniers de guerre recrutés dans les camps afin de servir de bêtes de somme, dans des conditions épouvantables, des dizaines de milliers d'entre eux se retrouvèrent néanmoins à combattre volontairement dans l'armée allemande.

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