mardi 8 novembre 2005

975 - le père de tous les camps

... inauguré par Heinrich Himmler - chef de la SS - le 20 mars 1933, et au "profit" des communistes allemands, Dachau fut le premier camp de concentration de l'ère moderne, celui qui servit en vérité de prototype et de modèle à tous les autres.

L'internement arbitraire d'opposants politiques n'avait évidemment pas attendu l'ouverture de ce camp situé près de Münich, au coeur-même de l'idéologie nazie. Sans remonter au Déluge, Dachau avait notamment été précédé au début du XXème siècle par les divers camps érigés par les Britanniques à l'intention des Afrikaners engagés dans la Guerre des Boers et, quelques années plus tard, par les célèbres goulags où furent envoyés plusieurs millions de citoyens soviétiques.

Mais ce qui distingue Dachau (et ses successeurs) des premières tentatives britanniques ou russes tient d'abord à l'ignorance dans laquelle se trouvait plongé le prisonnier quant à la durée exacte de sa détention. Personne, et en particulier l'intéressé lui-même, ne savait en effet quand il en ressortirait, à supposer-même qu'il en ressorte un jour. Jusqu'au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, les libérations des différents camps étaient pourtant fréquentes, mais toujours entourées d'une incertitude si totale qu'elle plongeait véritablement les opposants au régime dans la terreur, et les internés dans des abîmes de désespoir.

C'est d'ailleurs à Dachau que Rudolf Höss - futur commandant d'Auschwitz - fit ses débuts comme gardien de camp. C'est également à Dachau que fut rédigé le règlement aussi précis que tatillon - pour ne pas dire très germanique - qui servit ensuite dans tous les autres camps allemands. Et c'est à Dachau que fut mis au point le redoutable système des "kapos", ces détenus à qui les autorités du camp conféraient un Pouvoir de vie et de mort sur leurs codétenus.

"La tâche du Kapo, expliqua Heinrich Himmler dans une logique très darwinienne, est de veiller à ce que le travail soit fait. Aussi doit-il pousser ses hommes. Dès l'instant où il ne nous donne plus satisfaction, il n'est plus kapo et redevient un détenu comme les autres. Il sait qu'ils le battront à mort dès la première nuit de son retour"

Aucun commentaire: