lundi 7 novembre 2005

974 - les 10 000 camps

... on réduit souvent la "Solution finale" à la mise en place des "camps d'extermination", voire même à la création du seul camp d'Auschwitz-Birkenau. Cette réduction est cependant abusive à de multiples égards.

D'abord parce que les "camps d'extermination" au sens strict ne constituèrent jamais qu'une infime minorité des plus de 10 000 camps (!) que les Allemands érigèrent, pour de multiples raisons et pour une grande variété de détenus, à travers toute l'Europe occupée, et principalement en Pologne.

Ensuite, parce qu'à l'instar de la plupart des autres camps, Auschwitz lui-même changea plusieurs fois de visage et de destination au cours de son existence, passant de simple prison pour prisonniers politiques polonais à celle de camp de détention pour prisonniers de guerre russe, avant de devenir tout à la fois camp de travail et d'extermination pour des déportés cette fois très majoritairement juifs et venus de toute l'Europe.

Enfin parce qu'en terme de mortalité, les camps, qu'ils soient concentrationnaires ou d'extermination, ne représentent jamais qu'un peu plus de la moitié des quelque six millions de Juifs qui furent assassinés tout au long de la Seconde Guerre mondiale.

Dit autrement, plus de deux millions de Juifs périrent en dehors de tout cadre concentrationnaire, mortellement blessés à coups de poings, de pieds ou de bâtons, brûlés vifs dans des granges, fusillés en plein coeur des villages ou au bord des ravins, asphyxiés dans des unités de gazage mobiles, ou simplement morts de faim, de froid, d'épuisement ou de maladie bien avant d'arriver à Auschwitz ou dans un camp quelconque.

A cela s'ajoutèrent, dans les derniers mois de la guerre, des "marches à la mort" au cours desquelles plusieurs centaines de milliers de morts-vivants, qui avaient jusque-là réussi à survivre aux camps, furent jetés sur les routes et errèrent pendant des semaines, sans but mais toujours sous la surveillance de leurs bourreaux fuyant l'avancée des troupes soviétiques.

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