samedi 5 novembre 2005

972 - les trop lointains territoires de l'Est

... la déportation vers la Palestine rapidement écartée, celle vers Madagascar finalement reconnue impraticable, ne restait que la possibilité de trouver, très loin à l'Est, un territoire suffisamment vaste pour y expédier l'intégralité des Juifs d'Europe, et suffisamment inhospitalier pour les y voir mourir par millions.

Comme le fait remarquer Ian Kershaw, la guerre à l'Est fut, dès le départ, une entreprise d'extermination non seulement des Juifs russes, mais aussi des communistes et, plus généralement, de tous ceux qui, parmi les Russes, osaient se dresser sur le passage des Panzers.

Pour Hitler, les Juifs et les Bolcheviks n'étaient d'ailleurs que les deux faces d'une même pièce, des "untermenschen" dont la seule existence menaçait celle des Allemands de pure race aryenne, ce qui explique l'envoi, dès les premières heures du conflit, d'Einsatzgruppen, soit de véritables escadrons de la Mort, chargés de liquider sans la moindre pitié tous les Juifs et commissaires politiques russes.

De fait, 6 000 Juifs furent ainsi liquidés à Brest-Litovsk dès les premières semaine de juillet, 23 000 à Kamenets fin août, plus de 33 000, à la mitrailleuse lourde, dans le tristement célèbre ravin de Babi-Yar (près de Kiev) en septembre, 19 000 à Minsk et 21 000 à Rovno en novembre, 25 000 à Riga en décembre, ou encore 10 000 à Kharkov en janvier 1942.

A supposer-même que ces massacres n'aient été que simples "incidents de parcours", la venue de l'automne puis du terrible hiver russes, l'impossibilité de s'emparer de Moscou dans les délais prévus, et une retraite allemande qui, à cette occasion, faillit se transformer en déroute pure et simple, éloignaient - peut-être pour toujours - la perspective d'une victoire sur l'URSS, donc celle d'y conquérir un territoire dans lequel envoyer les Juifs...

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