mardi 1 novembre 2005

968 - l'homme de l'ombre

... il fallut attendre son procès, à Jérusalem, en 1961, pour que l'on comprenne quel rôle avait réellement joué l'Obersturmbannführer - lieutenant-colonel - Adolf Eichmann dans la "Solution finale à question juive".

En vérité, Eichmann fut d'abord et avant tout un fonctionnaire sans envergure mais terriblement zélé qui, après avoir intégré les rangs du parti nazi en 1932, sut ensuite s'attirer l'attention d'Ernst Kaltenbrunner d'abord, de Reinhard Heydrich ensuite.

Dès 1933, Eichmann est affecté au camp de concentration de Dachau nouvellement ouvert. Administrateur très efficace, il est bientôt promu à des postes supérieurs et, en 1938, se retrouve en charge du département autrichien du Bureau central pour l'émigration juive. Comme on tue plus efficacement ce que l'on connaît, Eichmann étudie le judaïsme, voyage en Palestine, et rencontre même des militants sionistes.

Deux ans plus tard, il est à nouveau promu et muté à la Gestapo. Ses talents d'administrateur lui valent d'être remarqué par Heydrich, à qui il sert d'aide-de-camp lors de la célèbre Conférence de Wannsee. C'est là que ce fonctionnaire zélé mais inconnu se voit confirmer dans une tâche essentielle : celle d'organiser les convois ferroviaires qui, à travers toute l'Europe occupée, vont acheminer les Juifs jusque dans les camps.

Totalement dévoué à son travail, Eichmann se démène tant et plus pour remplir les convois, y compris lorsque la défaite finale du Reich apparaît comme inéluctable. Lorsque Heinrich Himmler, chef suprême de la SS, donne l'ordre de suspendre les mises à mort, dans une vaine tentative pour sauver sa propre peau, Eichmann, n'hésite pas à désobéir et à continuer imperturbablement sa mission en Hongrie.

Après avoir échappé aux Alliés, Eichmann change de nom et, en 1947, se réfugie en Argentine avec sa famille, où il tente de refaire sa vie. Mais le Mossad israélien finit par retrouver sa trace et, en mai 1960, expédie un commando qui s'empare d'Eichmann et le ramène à Jérusalem, où son procès s'ouvre un an plus tard.

"Je n'ai fait que suivre les ordres !" affirme Eichmann tout au long de son procès-spectacle. Un argument qui ne convainc manifestement pas la cour, laquelle le condamne à la peine de mort. Une sentence - la seule jamais prononcée en Israël - exécutée le 01 juin 1962..

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