... de tout temps, les Juifs avaient déjà servi de boucs émissaires commodes pour tout ce qui n'allait pas au sein de la société.
Que les récoltes s'avèrent mauvaises, que la famine gronde, que les épidémies se répandent, que l'inflation menace, que le chômage augmente ou que la guerre soit perdue, il se trouvait toujours quelqu'un pour en attribuer la responsabilité aux Juifs qui pactisaient avec le Malin, complotaient avec l'étranger, stockaient du blé, spéculaient sur les cours et - in fine - s'enrichissaient indûment sur le dos du pauvre monde.
Et il s'en trouvait toujours, bien plus nombreux encore, pour applaudir à de tels discours et les trouver on ne peut plus justes et pertinents.
Dans un pays déjà largement acquis à l'antisémitisme, mais qui "n'avait pas perdu la guerre", il n'y avait donc rien d'étonnant à ce que l'armistice de 1918, le "diktat de Versailles" de 1919, et les gigantesques indemnités auxquelles l'Allemagne avait été condamnée, aient été ressentis avec toute la force d'une effroyable injustice, très vite attribuée aux "banquiers juifs", à la "ploutocratie juive" et à la "juiverie internationale". Un thème qu'un antisémite du nom d'Adolf Hitler, tout récent adhérent du Parti ouvrier allemand, s'empressa d'exploiter à son avantage.
Dès février 1920, l'article 4 du programme politique du parti proclamait fièrement que "seuls les membres de la Nation peuvent être citoyens de l'État. Seuls ceux qui sont de sang allemand, quelle que soit leur confession, peuvent être membres de la Nation. En conséquence, aucun Juif ne peut être membre de la Nation".
Cinq ans plus tard, dans Mein Kampf, Adolf Hitler, désormais chef du parti nazi, résuma ainsi le rôle délétère des Juifs dans le déroulement de la Première Guerre mondiale, et le sort qu'il aurait fallu leur réserver :
"Si, au début de la guerre et pendant la guerre, douze ou quinze mille de ces Hébreux corrupteurs du peuple avaient été exposés aux gaz, alors des millions de vrais Allemands auraient échappé à la mort".
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