... petit à petit, le paradigme racial avait donc supplanté le religieux chez les antisémites allemands, lesquels apprenaient tout aussi naturellement à détester les Juifs en raison de leur "différence" qu'ils avaient autrefois appris à le faire parce que ces derniers avaient "tué Dieu" et rejeté Son enseignement.
Bien évidemment, ces deux paradigmes se complétaient bien plus qu'ils ne s'opposaient, et contribuaient ainsi à faire de la Judenfrage - de la "question juive" - le thème central de la politique allemande, et le sujet de discussion favori d'une population qui, dans sa majorité, n'avait pourtant jamais personnellement rencontré le moindre Juif.
Pour les antisémites, le concept de "race" s'avérait par ailleurs tout aussi efficace - sinon davantage - que celui de la religion pour mobiliser les foules, discriminer les Juifs, et justifier "scientifiquement" cette discrimination.
Comme l'affirmait un pamphlet de 1877, "Même le Juif le plus honnête, incapable d'échapper à ce que lui dicte son sang, porteur de sa moralité sémite, qui est entièrement contraire à la nôtre, ne peut partout chercher que la subversion et la destruction de la nature allemande, de la moralité allemande, de la civilisation allemande"
Une fois clairement identifiée la menace pesant sur le corps social allemand, restait encore à définir la meilleure méthode pour purifier l'Allemagne de toute trace de judéité.
Une méthode sur laquelle les antisémites étaient loin de s'entendre, la plupart n'osant pas encore, à cette époque, transgresser les vieilles règles de la morale chrétienne en proposant une solution à ce point "finale" qu'elle ne pourrait que heurter de plein fouet une population allemande aussi fortement imprégnée de légalisme qu'éprise de modernité...
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