dimanche 2 octobre 2005

938 - intention ou pas ?

... le modeste autrichien Adolf Hitler ne serait jamais devenu "Der Führer" si son pays et son époque n'avaient accueilli avec bienveillance - pour ne pas dire enthousiasme - ses idées, sa conception du monde et ses obsessions raciales, particulièrement celles relatives aux Juifs.

Hitler était antisémite parce que l'Europe, ou du moins une bonne partie d'entre elle, était antisémite. Mais Hitler a également puissamment contribué à entretenir, renforcer et développer cet antisémitisme, en sorte que l'un et l'autre, Hitler et l'Allemagne, Hitler et l'Europe, basculèrent progressivement dans ce long cauchemar qui devait finalement mener à Auschwitz et à la "Solution finale au problème juif".

Même si le débat peut paraître anecdotique au profane, les historiens restent aujourd'hui encore divisés entre "intentionnalistes" et "fonctionnalistes".

Pour les premiers, la "Solution finale" est déjà inscrite en filigrane dans l'antisémitisme ouvertement professé par Hitler dès le lendemain de la Première Guerre mondiale, et notamment dans ce passages de Mein Kampf (1924) où il affirme "Partout où j'allais, je voyais des Juifs. Et plus j'en voyais, plus mes yeux apprenaient à les distinguer nettement des autres hommes".

Dans cette optique, l'intention exterminatrice est préexistante à la Seconde Guerre mondiale, voire même à l'arrivée de Hitler au Pouvoir, un Pouvoir qui ne fut donc que l'occasion de mettre en application une volonté du Führer exprimée de longue date.

Pour les seconds, la "Solution finale" s'est au contraire imposée petit à petit, au gré des circonstances, de l'adhésion du peuple allemand, et de l'impossibilité de trouver une autre voie que celle de l'extermination pour purger l'Allemagne de ses Juifs.

Loin d'être intentionnelle, la "Solution finale" serait donc plutôt le fruit d'une succession d'incidents et d'accidents de parcours qui se seraient imposés à Hitler, comme dans ce discours prononcé au Reichstag le 30 janvier 1939, où il déclare que "s’il devait arriver que la finance juive internationale réussisse encore une fois à précipiter les peuples dans une nouvelle guerre mondiale, cela n’aurait pas pour effet d’amener la bolchevisation du globe et le triomphe des Juifs mais bien, au contraire, l’anéantissement de la race juive d’Europe".

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