... habitués que nous sommes aux silhouettes fuselées de nos actuels coursiers du ciel, il nous est aujourd'hui difficile d'imaginer qu'il fut un temps - finalement pas si lointain - où les avions étaient quasiment dessiné comme des boîtes simplement munies d'ailes, ou comme des châteaux-forts hérissés de créneaux, dont on espérait malgré tout qu'ils parviendraient à voler.
Le plus surprenant, au bout du compte, est de savoir qu'ils arrivèrent non seulement à voler, mais aussi à rester en service bien plus longtemps qu'il n'était raisonnable, faute de remplaçant disponible, et de crédits pour financer le développement des remplaçants.
Numériquement importante en 1939, l'Armée de l'Air française alignait en réalité une incroyable collection d'avions irrémédiablement démodés, qu'il aurait été plus raisonnable d'envoyer à la ferraille plutôt qu'au combat.
Parmi ces monuments d'art gothique, figuraient en bonne place les quadrimoteurs Farman de la série 220, auxquels les ingénieurs, sans doute pris de remords, avaient malgré tout greffé un train d'atterrissage escamotable dans une ultime tentative d'améliorer l'aérodynamisme de cette cathédrale à angles droits et à aile épaisse, soutenue par de multiples haubans et entretoises, et propulsée tant bien que mal par quatre Gnome et Rhône de 900 CV, montés deux par deux en push-pull dans des nacelles à l'aérodynamisme tout aussi improbable .
Quelques dizaines d'exemplaires furent construits, et même engagés faute d'alternative au dessus de l'Allemagne, mais toujours de nuit, afin de minimiser les risques d'une interception qui ne pouvait être que mortelle pour le gros Farman et son équipage de cinq hommes.
A l'armistice, les exemplaires survivants furent convertis en avions de transport. Leur rentabilité dans cette activité fut évidemment tout aussi nulle, mais là non plus, il n'existait pas d'alternative disponible...
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