mercredi 21 septembre 2005

927 - la faillite du Zerstörer

... considérer comme "canard boîteux" un avion qui fut produit à plus de 6000 exemplaires (!) peut à bon droit paraître excessif.

Le problème, c'est que cet avion - le bimoteur Messerschmitt 110 - ne dut son succès, et son palmarès, qu'à un changement radical de rôle et à l'absence d'une meilleure alternative.

Conçu comme chasseur lourd à long rayon d'action (Zerstörer), le 110 était en principe chargé d'escorter les formations de bombardiers allemands jusqu'à leur objectif. Jusqu'à la Campagne de France, et face à des adversaires inférieurs ou désorganisés, le bilan de l'avion fut conforme aux attentes de ses géniteurs.

Dans le ciel anglais en revanche, contre les "Hurricane" et "Spitfire" monomoteurs, le lourd et peu maniable 110 se retrouva à ce point handicapé et vulnérable qu'il fallut se résoudre à le faire escorter (!)

Le programme entier serait passé à la trappe si les bombardements britanniques ne lui avaient redonné, dès 1941, une nouvelle raison d'exister. Dépourvus de radar, les chasseurs monomoteurs allemands étaient en effet incapables, de nuit, de repérer et d'abattre les gros bombardiers anglais. Et quand les premiers radars embarqués devinrent enfin disponibles, leur encombrement et leur poids en interdisaient le montage sur un monomoteur, et leur maniement fort complexe l'utilisation par le pilote seul.

Ce constat sauva véritablement la mise au 110, suffisamment volumineux pour héberger un radariste supplémentaire en plus du pilote et du mitrailleur arrière, et suffisamment puissant pour enlever le tout et supporter le surpoids et la traînée des antennes.

De nuit, contre les lourds bombardiers anglais, le 110 retrouva son second souffle. La faillite de ses successeurs 210 et 410, conçus selon la même configuration et guère plus performants, lui permit même de reste en production quasiment jusqu'à la fin du conflit.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

bravo pour le blog! Un autre titre de "gloire" (ou en tous cas de célébrité) du ME 110 fut d'avoir été la monture du très étrange Rudolf Hess , un nazi de la première heure, proche collaborateur de Hitler lorsqu'il s'envola en solo pour l'Ecosse (prévoyant de se poser sur la propriété du jeune Duc de Hamilton avec qui il avait sympathisé lors des JO de Berlin 1936 pour une mission diplomatique assez fumeuse (soi-disant).
Hitler maintint qu'il avait interdit de vol Rudolf Hess (trop important pion de l'équipe au pouvoir) et que celui - ci était devenu fou et s'était emparé d'un ME110 sans autorisation...

Il s'agit d'une pure foutaise: le ME 110 de Hess (qui avait reçu une formation de pilote en 14-18 mais n' était arrivé en escadrille qu'à la toute fin de la guerre de 14 et n'avait fait que quelques missions sans combattre le moindre avion allié) était un modèle tout à fait spécial, un monoplace à long rayon d'action , le siège arrière étant remplacé par un réservoir supplémentaire (un peu comme l'avion de d'Annunzio lors du raid de propagande sur Vienne , équipé en biplace mais avec des réservoirs d'appoint dans ...l'assise du "siège incendiaire" du poète soldat) .
Hess était en mission semi-officielle pour tenter d'arracher aux anglais une paix séparée (Un "deal" du genre : "On vous laisse votre empire colonial outremer et vous nous laissez envahir la Russie Soviétique" , bête noire des capitalistes anglais) mais il s'agissait de diplomatie"parallèle" susceptible d'un démentie en cas d'échec.

A cette époque le cabinet du très belliciste Churchill traînait encore quelques boulets de ministres conservateurs de l'équipe des "appeasers" , des collègues de Chamberlain, et pro accords de Munich.
Faute d'être arrivé avant le crépuscule Hess dut se parachuter (à 45 ans et sans le moindre entraînement préalable)...et fut aussitôt bouclé à double tour dans un cul de basse fosse de la Tour de Londres (admirable symbole) pendant que Churchill....s'en allait au cinéma voir le dernier film des Marx Brothers.

La propagande nazie parla de coup de folie...mais la meilleure démonstration que c'était faux vint après les procès de Nurenberg...Alors que divers criminels de guerre nazis bénéficiaient de remises de peine (Raeder et Dönitz sortirent de prison au début des années 50 et Albert Speer un peu plus tard), Hess -que les psys, dont une sommité française de la psychiatrie, avaient déclaré sain d'esprit, resta bouclé à Spandau jusqu'à la fin de ses jours strictement au secret (on lui donnait des cahiers pour écrire mais ils étaient ensuite détruits)...et il y a pas mal de zônes d'ombre sur son suicide, une pendaison avec un fil de lampe électrique demandant une certaine agilité alors qu'il était très vieux et plus ou moins perclus de graves rhumatismes...
On peut supposer qu'il ne fallait pas remuer la boue en évoquant les côtés philonazis suspects de certains dignitaires anglais ...à commencer par le roi déchu Edouard VIII, que les allemands tentèrent de kidnapper à Lisbonne avant qu'il soit expédié ...aux Bermudes avec sa très chère Wallis Simpson et un titre honorifique de Gouverneur