... on fait toujours la guerre avec le matériel dont on dispose, qui n'est pas toujours celui qu'on voudrait ni même celui qui serait nécessaire.
Une devise qui s'applique tout particulièrement bien au Martin 167 "Maryland", "bombardier d'attaque" (sic) commandé par l'USAAF à la fin des années 1930, mais refusé par elle peu après son premier vol, en mars 1939, parce que trop étroit et pas assez performant.
Très bel avion au demeurant, le Martin 167 aurait dû passer à la trappe si le désespoir du gouvernement français face à l'incapacité de ses industriels à fournir en temps et heure les avions de combat commandés ne l'avait poussé à acheter de toute urgence - et avant même son premier vol ! - cet oiseau dont les Américains ne voulaient pas.
215 Martin furent donc commandés par la France, mais 140 seulement furent livrés, et un nombre plus réduit encore (environ 75) mis en service actif, avant l'armistice de juin 1940.
Si l'oiseau manquait effectivement de coffre (moins d'une tonne de bombes transportable), et souffrait d'un armement défensif ridicule, il était en revanche rapide, ce qui lui permit d'échapper à nombre de ses adversaires et d'accuser un taux de pertes qui ne dépassa pas 8%, le plus faible de tous les bombardiers français. Après l'armistice, les survivants continuèrent de servir au sein de l'aviation de Vichy, qui s'en servit contre les Alliés au dessus de Gibraltar, en Afrique du Nord et en Syrie.
Quant aux avions dont l'armistice avait empêché la livraison, ceux-ci furent directement livrés aux Britanniques, qui les rebaptisèrent "Maryland" et en commandèrent 150 autres, lesquels servirent essentiellement dans la reconnaissance, activité où l'exiguïté de leur fuselage ne posait plus guère de problèmes...
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