mercredi 7 septembre 2005

913 - aux moteurs près...

... la malheureuse histoire du bombardier Avro "Manchester" est d'abord et avant tout celle de ses moteurs "Vulture"

Afin de créer un moteur véritablement puissant, Rolls-Royce avait décidé, en 1935, d'accoupler deux de ses capricieux "Peregrine" à 12 cylindres en V (qui donnaient environ 900 CV) pour en faire un seul moteur - le "Vulture" - à 24 cylindres en X , dont on espérait environ 1 800 CV.

Cette promesse de puissance nouvelle incita l'Air Ministry à élaborer un cahier des charges pour un bombardier lourd bimoteur,... et ravit les comptables, qui se persuadèrent un peu vite que deux moteurs coûteraient forcément bien moins cher que quatre, à l'usage comme à l'entretien. C'est donc autour de ce moteur que les ingénieurs d'Avro conçurent le "Manchester".

Hélas, le gros oiseau accumula bientôt les retards - il ne vola pour la première fois qu'en juillet 1939 - retards dûs pour l'essentiel à ses "Vulture" que Rolls-Royce, malgré tous ses efforts, ne parvenait pas à mettre au point. Deux mois plus tard, l'Angleterre entra en guerre sans que les techniciens de Rolls-Royce n'entrevoient la vie au bout de leur monstrueux 24 cylindres.

Lorsque les premiers "Manchester" de série furent enfin livrés aux unités, en novembre 1940, la situation était si dramatique qu'il avait fallu se résoudre à "dégonfler" leurs moteurs à moins de 1 500 CV afin de leur assurer un minimum de fiabilité. Mais du coup, avec moins de 3 000 CV au total, le "Manchester" se retrouvait dangereusement sous-motorisé,... et carrément ridicule par rapport à son rival Handley-Page "Halifax", quant à lui tiré par quatre Rolls-Royce "Merlin" certes moins puissants mais beaucoup plus sûrs.

En novembre 1941, Rolls-Royce se décida enfin à jeter l'éponge, et à envoyer les "Vulture" aux oubliettes, ce qui condamna bien évidemment les "Manchester", dont les derniers furent ferraillés en juin 1942, après moins de 200 exemplaires construits.

L'histoire aurait pu s'arrêter là sans la décision d'Avro de greffer à son tour quatre "Merlin" sur la cellule au demeurant excellente du "Manchester", dont on avait simplement augmenté l'envergure des ailes. Particulièrement réussie, la greffe donna naissance, en avril 1942, au célèbre "Lancaster" dont la carrière ne s'acheva qu'en 1946, avec plus de 7 300 exemplaires fabriqués

Mais ceci est une autre histoire...

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