mardi 6 septembre 2005

912 - la qualité, pas la quantité

...dans la perspective d'un conflit de plus en plus probable avec l'Allemagne nazie, l'Air Ministry britannique dut envisager, à la fin des années 1930, la venue d'innombrables bombardiers multimoteurs, qui attaqueraient les villes britanniques à haute altitude.

Pour les affronter avec succès, il fallait disposer d'un intercepteur non seulement capable de voler très vite (600 kms/h) et très haut (9 000 mètres), mais également porteur d'un armement d'une puissance inégalée pour l'époque, puisque composé de quatre canons de 20mm nécessairement fort lourds.

De rapides calculs convainquirent les ingénieurs qu'il faudrait au moins 1 500 CV pour obtenir les performances requises. Le problème, c'est qu'il n'existait à l'époque aucun moteur d'une telle puissance, ce qui imposait donc la formule d'un bimoteur, toujours plus lourd et moins maniable qu'un monomoteur.

La petite firme Westland releva brillamment le défi et, malgré d'innombrables difficultés, parvint à construire un appareil - le Whirlwind - qui satisfaisait aux exigences du cahier des charges. Hélas pour l'oiseau, et sa postérité, Westland n'avait pas les capacités de le produire en grand nombre dans une guerre où la quantité primait souvent sur la qualité.

De son côté, Rolls-Royce, fort occupée à fabriquer ses "Merlin" en quantités industrielles, n'avait pas non plus les moyens de se pencher sur les innombrables maladies de jeunesse du "Peregrine" qui propulsait les "Whirlwind".

A ces deux handicaps s'en ajouta vite un troisième, qui tenait à la nature-même de l'avion. Pour atteindre les performances exigées, les ingénieurs de Westland avaient en effet créé un appareil hyper-spécialisé qui, dès sa naissance, se situait déjà aux limites de son développement. Il était par exemple impossible de remplacer les capricieux "Peregrine" par les bien plus fiables "Merlin", ou d'accroître l'autonomie d'un avion qui, conçu comme intercepteur destiné à n'évoluer qu'au dessus de la Grande-Bretagne, manquait terriblement d'allonge et de capacités d'emport dans les missions de chasse-bombardement qui devinrent la norme dès 1941.

Au final, seuls 112 appareils furent construits jusqu'en décembre 1941, et utilisés avec parcimonie, jusqu'à leur retrait définitif, quelques mois plus tard.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Avec son armement de 4 canons, le Whirlwind aurait pu être un adversaire redoutable s'il avait été de Merlin, surtout avec des hélices adaptées.

Il me semble qu'il n'en a pas été équipé tout simplement parce que RR ne pouvait pas en produire plus que ceux qui étaitent déjà destinés aux Hurricane et Spitfire.

D'où tenez-vous que la conception du WW ne permettait pas de l'équiper de Merlin ?

Anonyme a dit...

Le wikipedia anglais indique que le whirlwind avait été littéralement dessiné autour du moteur peregrine (un Kestrel gonflé et fragile qui avait pour seul intérêt d'exister en 2 versions (rotation horaire et antihoraire) sans nécessiter de système de changement de sens de rotation par engrenage .
(les Merlin horaires et anti horaires, pour montage en contre rotation sur des bi et quadrimoteurs avaient un système de changement de sens via des engrenages supplémentaires dans le réducteur mais les vilebrequins tournaient dans le même sens).
Comme le Merlin avait été fiabilisé (contrairement au Peregrine) et qu'il était de plus produit en "Poxwer egg" cad livré complet avec sa nacelle et son carénage standardisé, c'est sur lui que Rolls Royce misa le passage à la production en très grande série.
Le rôle du bimoteur de chasse avec canons pouvait être tenu par le Beaufighter (moteurs Bristol) ou le Mosquito (moteurs Merlin) rendant redondant le Whirwind et ses moteurs peregrine particulièrement capricieux

(et quiconque a eu des voitures ou des motos anglaises sait que pour qu'un anglais qualifie un moteurde capricieux ou peu fiable c'est que c'est en réalité un cauchemar de mécano...°