... lorsque l'on parle de l'Aviation dans la Seconde Guerre mondiale, il est de coutume de mettre en avant les formidables réussites que furent le P51 "Mustang", le Boeing B17, le Messerschmitt 109 ou encore le Supermarine "Spitfire".
L'étude des échecs, des "vilains canards" plus ou moins boiteux, est pourtant tout aussi instructive, et nous en apprend même souvent davantage sur l'état des techniques et des conditions politiques qui prévalaient à l'époque de leur naissance.
Dans les années 1930, le calcul avait déjà remplacé l'improvisation chez les avionneurs, en sorte que l'avion véritablement raté l'était d'abord et avant tout du fait d'un cahier des charges imprécis, irréaliste, contradictoire, ou carrément mal foutu.
Avec du temps, de l'énergie, et surtout beaucoup d'argent, on finissait malgré tout par faire voler les canards les plus impotents et même, dans certains cas, à les métamorphoser en aigles. Après tout, peu de gens auraient parié un pfennig ou un misérable penny sur le Focke-Wulf 190 ou le Hawker Typhoon, dont les premiers vols furent si décevants, et les premières mises en service si problématiques, qu'elles renvoyèrent durant de longs mois ces deux avions au hangar, et les ingénieurs devant leur planche à dessins.
Au fond, les avions, et particulièrement les avions de chasse, sont un peu à l'image des enfants. Il en existe, comme le Spitfire, qui paraissent si beaux et si doués à la naissance, qu'ils donnent l'impression que les dieux eux-mêmes se sont penchés sur leur berceau. Il en existe aussi, comme le Messerschmitt 109, dont les premiers pas laissent entrevoir un comportement rétif qui ne fera que s'aggraver avec le temps, ou d'autres, comme le P47 "Thunderbolt" qui ne seront jamais qu'énormes brutes dépourvues de finesse.
Certains se révèlent élèves médiocres mais appliqués, à l'image du Curtiss P40, alors que d'autres, comme le Fairey Swordfish, ne en vérité doivent leur diplôme qu'à l'absence de toute alternative à leur médiocrité. Certains sont déjà trop vieux à leur naissance, comme le Fiat CR42, alors que d'autres, comme le Messerschmitt 262, sont au contraire trop en avance sur leur époque, ou arrivent quand plus personne n'a besoin d'eux, comme le Hughes XF-11
Il en existe enfin dont l'allure et les débuts sont si étranges et si éloignés des attentes qu'ils plongent leurs géniteurs dans l'embarras, et les comptables dans le désespoir. Les premiers parce qu'ils se demandent comment ils parviendront à le faire voler, les seconds parce qu'ils ne savent pas qui payera la facture de ses multiples cours de rattrapage.
C'est à une évocation de ces mal-aimés que je vous invite tout au long du mois de septembre...
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