... pour le général MacArthur, il n'était pas question de reconquérir une à une toutes les îles où les Japonais avaient établi une garnison, mais bien de débarquer sur certaines d'entre elles - jugées les plus stratégiques - puis d'y installer un aérodrome et de puissantes forces aériennes, qui couperaient alors tout ravitaillement aux troupes japonaises demeurant sur les îles avoisinantes.
Bien que lente, cette stratégie du grignotage fit littéralement pourrir sur pieds des milliers de soldats nippons, qui guettaient désespérément l'arrivée de plus en plus hypothétique d'un navire ou d'un avion ravitailleur.
Pour les responsables japonais, il ne pouvait évidemment être question d'autoriser ces garnisons désormais isolées à capituler - l'orgueil et le Code du Bushido l'interdisaient - ni de se précipiter à leur secours, faute de troupes de renfort ainsi que de navires (ou d'avions) pour transporter ces troupes. Mais sans aide extérieure, les dites garnisons finiraient immanquablement par perdre toute capacité militaire, ce qui reviendrait donc à offrir aux Américains une victoire sur un plateau.
De nuit, des destroyers rapides - que les Américains surnommaient ironiquement "Tokyo Express" - pouvaient encore se faufiler entre les îles, mais ne pouvaient assurer à eux seuls le ravitaillement indispensable, en plus d'être effroyablement coûteux à l'usage. Restaient les sous-marins, dont le Japon avait pourtant désespérément besoin pour lutter contre le gigantesque trafic maritime américain.
Dans l'urgence, des dizaines de sous-marins furent mis à contribution - voire même totalement modifiés - pour le transport, et durent renoncer à toute action offensive pour acheminer ravitaillement et munitions aux garnisons encerclées. Mais comme ce n'était pas encore assez aux yeux de l'armée de terre, celle-ci décida carrément... de fabriquer ses propres sous-marins de transport, servis par son propre personnel (!)
Vingt-huit exemplaires furent construits avant la capitulation, qui constituèrent un des plus beaux exemples d'improvisation et de dispersion des efforts dans l'Histoire des guerres modernes...
Aucun commentaire:
Publier un commentaire