... A la fin des années 60', après l'offensive du Têt, le Pentagone, confronté à une opinion publique de plus en plus traumatisée par la guerre du Vietnam, initia la "vietnamisation du conflit", doctrine qui, selon un ambassadeur humoriste, consistait en gros à "changer la couleur des cadavres"
Plus question donc de voir, à l'heure du breakfast, ces terribles images des "boys" du Minnesota ou de l'Arkansas, baignant les tripes à l'air dans l'eau sale d'une rizière : que les Vietnamiens se massacrent entre eux avec les armes russes et américaines. Ces morts-là s'avérant d'autant plus supportables aux yeux de la ménagère du middle-west que le retrait des troupes US s'accompagnerait forcément de celui de la plupart des reporters internationaux, peu soucieux d'encore immortaliser sur pellicules de simples dépouilles "viets" devenues quasi invendables sur le marché des médias.
En conséquence, les Américains cédèrent progressivement leur matériel à leurs alliés sud-vietnamiens et, en janvier 1973, se désengagèrent du Vietnam au terme des accords de Paris, laissant aux communistes du Nord - qui se souciaient de la vie humaine comme d'une guigne - toute latitude pour envahir puis réunifier le Sud-Vietnam le 30 avril 1975, par le feu et le sang, au mépris de tous les engagements et traités internationaux...
Pris dans la tourmente des événements, le minuscule Cambodge le précéda le 17 avril, laissant à un petit prince cambodgien du nom de Sirik Matak - qui disparaîtrait bientôt de la surface de la terre - le soin de rédiger le mot de la fin, en écrivant à Richard Dean, ambassadeur des États-Unis à Pnom Penh, une lettre dans laquelle il lui déclara "je n'ai commis qu'une erreur, ce fut de vous croire et de croire les Américains" (*)
(*) cité dans Olivier Todd, "Cruel Avril", page 274
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