dimanche 12 juin 2005
826 - "Je pense que les Vietnamiens seront à la hauteur"
... "Je pense que les Vietnamiens seront à la hauteur", ironise le petit Owen Meany - héros du roman de John Irving "Une prière pour Owen" - à chaque nouvelle annonce d'une offensive américaine "décisive" contre le Vietnam du Nord.
Et de fait, les Américains vont s'enliser au Vietnam tout comme les Français avant eux, n'échappant à un désastre semblable à celui de Dien-Bien-Phu que grâce à leur écrasante supériorité aérienne.
Mais aussi invincible soit-elle, l'armée américaine ne pourrait gagner cette guerre qu'à la condition de réduire le Nord-Vietnam en montagne de cendres, ce que l'opinion publique nationale et internationale, tétanisée par les images de petites filles brûlées au napalm, lui interdit.
Au Vietnam, les GI's ne comprennent pas les Sud-Vietnamiens qu'ils sont pourtant censés aider, et se désespèrent devant leur manque de combativité face à leurs ennemis du Nord qui, il est vrai, n'ont pour leur part le choix qu'entre la victoire ou le cercueil.
La République du Sud-Vietnam est en effet une démocratie à peine balbutiante, dont la Presse internationale souligne fréquemment les carences, sans reconnaître pour autant que le Nord, lui, est une véritable dictature, qui ne reconnaît pas la liberté de culte et ne tolère aucune forme d'Opposition.
Il faut dire que si les journalistes internationaux sont toujours nombreux à accompagner les GI's sur le terrain, et à en relever les viols, exactions et autres bavures, on compte sur les doigts d'une main les rares correspondants - par ailleurs affiliés à un Parti communiste - autorisés à accompagner les soldats du Nord.
Impossible à gagner sur le terrain avec les moyens dont on dispose - ou plus exactement avec ceux qu'on est autorisé à utiliser - la guerre du Vietnam devient, à mesure qu'elle se prolonge, de plus en plus coûteuse et impopulaire, y compris aux États-Unis, où les manifestations de protestation, les désertions et les refus d'incorporation se multiplient.
Au Vietnam-même, l'armée américaine s'enfonce progressivement dans la drogue, qui la mine et l'affaiblit plus sûrement que les rafales de Kalachnikovs des combattants Vietcongs ou Nord-Vietnamiens. A l'évidence, il faut en sortir, trouver une issue politique au conflit, ou plus exactement ce que les diplomates américains appellent une "Paix dans l'Honneur".
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