... en Indochine, la France, bien que très largement équipée en matériel américain, ne possède aucun bombardier stratégique capable de sauver les assiégés du camp retranché de Dien-Bien-Phu, en pilonnant massivement les positions ennemies.
Les Américains disposent des B29 dont ils se sont servis en Corée, mais ils refusent d'intervenir au profit des "colonialistes" français auxquels ils font par ailleurs remarquer, non sans raison, que l'imbrication des assiégés et des assiégeants est devenue telle que les bombes, obligatoirement lancées à haute altitude à cause de la DCA, auraient de toute manière autant de chances de tuer les premiers que les seconds
Le 7 mai 1954, après deux mois de siège dans des conditions atroces, la garnison de la place est finalement contrainte à la reddition. Près de 11 000 soldats ont été faits prisonniers. A leur libération, quatre mois plus tard, moins de 3 500 auront survécu à leur hallucinant passage dans les camps de rééducation.
Sur les quelque 15 000 hommes qui combattaient dans les rangs français (en ce compris des vietnamiens et des nord-africains), 3 500 ont été tués ou sont portés disparus. En soi, les pertes ne représentent que 4% des 450 000 hommes des forces franco-indochinoises, mais bon nombre de ses meilleurs bataillons.
De son côté, Giap a perdu de 25 à 30 000 hommes. D'un point de vue strictement militaire, Dien Bien Phu est donc loin d'être un désastre pour l'armée française. Politiquement en revanche, c'est une catastrophe. Après Dien Bien Phu, la France n'aura de cesse que de faire la paix le plus rapidement possible, et à n'importe quel prix, quitte à abandonner au passage le million de Nord-Vietnamiens, majoritairement catholiques, qui fuira éperdument vers le Sud dès la signature des accords de Genève, le 20 juillet 1954.
Et lorsque la France se retirera finalement d'Indochine, la guerre aura fait 60.000 tués et disparus dans ses rangs, dont 28.000 Indochinois et 18.000 Africains, Nord-Africains et légionnaires...
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