samedi 23 avril 2005

776 - "Ils voulaient leur Führer. Et ils l'ont eu"

... De la trahison, on a souvent dit qu'elle était d'abord et avant tout affaire de temps et de lieu. Mais de la résistance à la dictature, l'on pourrait tout aussi bien dire qu'elle est d'abord et avant tout affaire d'âge et de circonstances.

Figures emblématiques de la fameuse "Rose Blanche", Sophie et Hans Scholl avaient, tout comme Joseph Ratzinger - qui deviendrait un jour le Pape Benoît XVI - fait partie des non moins fameuses "Jeunesses hitlériennes", organisation rendue obligatoire par un décret du 1er décembre 1936 pour tous les jeunes-gens et jeunes-filles d'Allemagne âgés de 14 à 18 ans.

Hans Scholl avait, tout comme Joseph Ratzinger, servi au Front et dans l'armée allemande, tout simplement parce que c'était, là encore, obligatoire.

Mais, à la différence de Joseph Ratzinger, Hans et Sophie Scholl eurent l'occasion d'entrer dans l'Histoire comme symboles de la résistance à la dictature nazie, pour des raisons d'abord et avant tout liées à leur différence d'âge avec le futur Pape.

Hans Scholl naquit en effet le 22 septembre 1918, et Sophie le 9 mai 1921. Joseph Ratzinger naquit quant à lui le 16 avril 1927, soit respectivement neuf et six ans plus tard.

Dit autrement, Joseph Ratzinger n'avait pas encore 16 ans quand Hans et Sophie Scholl - quant à eux respectivement âgés de 25 et 22 ans - furent arrêtés, jugés, puis décapités le 22 février 1943 pour avoir distribué des tracts hostiles au régime nazi après la chute de Stalingrad. Et il venait à peine de fêter son 18ème anniversaire quand Adolf Hitler se suicida dans son bunker, le 30 avril 1945, mettant ainsi un terme au Troisième Reich.

Or, quand ils avaient 16 ans, ni Hans ni Sophie Scholl ne participaient activement à une quelconque "résistance allemande" : ils étaient encore à l'école et membres des Jeunesses hitlériennes. Leur "éveil" vint plus tard, avec l'arrestation de parents et d'amis plus âgés, et avec les premières défaites de l'armée allemande, préludes à l'effondrement final.

Pour l'immense majorité des Allemands, victimes de la peur, du conformisme, ou de l'ancestrale tradition d'obéissance à l'État, "l'éveil" ne vint tout simplement jamais, ce que la grande Marlène Dietrich résuma en ces termes :

"Je suis allemande et je comprends les Allemands. Ils ont tous besoin d'un guide. Nous en voulons tous un, les Allemands sont comme ça. Ils voulaient leur Führer. Et ils l'ont eu".

Jusqu'au bout.

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