mardi 12 avril 2005

765 - "ces satanées fusées idiotes"

... "Pour acheminer à Londres un tonnage comme celui du raid qui avait provoqué la tempête de feu sur Hambourg, il aurait fallu trois mille fusées V2. Mais durant les sept mois de leur engagement, seules 1 359 d'entre elles furent tirées sur cette ville. Comparé à ce qui se produisait chaque jour en Allemagne, tout cela maintenait les dégâts dans une limite militairement insignifiante. Dès le départ, l'arme de représailles n'étais pas en mesure de venger l'Allemagne".

Mais si elles sont incapables de gagner la guerre, et n'infligent que des dégâts finalement insignifiants, les fusées V1 et V2 n'en tuent pas moins près de 9 000 personnes en Grande-Bretagne, y alimentant un énorme ressentiment.

"Churchill et de nombreux Britanniques, dont les pilotes de bombardiers, nourrissaient une rage particulière contre les fusées", poursuit Jorg Friedrich. "C'était une arme perfide et lâche parce que ce moyen de destruction agissait sans le moindre combat. Il n'y avait à bord aucun pilote pour risquer sa vie"

(...) [Churchill] était prêt, en réponse, à intimider l'ennemi au moyen d'attaques au gaz de grande envergure si une telle politique assurait la victoire. Des officiers supérieurs de l'armée de l'air, même Portal, préconisèrent la modération. "Ces satanées fusées idiotes", comme les nommait Harris, provoquaient moins de dégâts qu'une seule mission du Bomber Command contre n'importe quelle ville allemande. Churchill ne se laissa pas démonter, quelques escadres s'entraînaient déjà prudemment à opérer avec du gaz. Le maréchal de l'air Tedder, fit valoir ses objections (...) il ne voyait pas l'avantage qu'il y aurait à employer les gaz peu de temps avant l'entrée des armées alliées en territoire allemand" (*)

De surcroît, la majorité des fusées V2 n'étaient pas tirées sur Londres, mais bien... sur les villes belges d'Antwerpen et Liège, respectivement ville portuaire essentielle à l'effort de guerre allié, et important noeud de communications.

(*) cité par Jorg Friedrich, "L'Incendie", page 119

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