samedi 26 mars 2005

748 - civil ou militaire ?



















... dans une guerre totale, la distinction entre civil et militaire s'estompe. Si le militaire combat encore au Front, le civil, de son côté, travaille dans une entreprise forcément liée de près ou de loin à l'effort de guerre. Est-il muté au Front qu'il se retrouve aussitôt remplacé par un déporté ou une femme sur la même ligne de production, qui ne s'arrête pas une minute de tourner.

Ailleurs, les seniors reprennent du service actif dans la police, la défense passive ou chez les pompiers. Même les enfants et les adolescents sont mis à contribution pour creuser des tranchées, manipuler des obus, ou servir dans les batteries de canons anti-aériens.

Lorsque l'Allemagne, faute de combattants, commence à démanteler les effectifs de ses unités de DCA pour combler les pertes subies sur les différents fronts, ce sont tout naturellement des civils, et souvent les enfants des écoles qui prennent la relève.

Ainsi, le 6 mars 1944, le Flak Abteilung 437 - dont les canons de 105mm sont installé au coeur de Berlin - est servi par 36 soldats de l'armée régulière, 90 écoliers et... 29 prisonniers russes.

"Nous étions dans une situation bizarre, traités tantôt comme des soldats, tantôt comme des enfants (...) On espérait que nous abattrions des avions ennemis avec nos canons de 105mm, mais nous n'étions pas considérés comme assez vieux pour porter les fusils lorsque nous devions essayer de capturer les équipages qui descendaient en parachute"

De même, dans le district de Siemensstadt, le Leicht Flak Abteilung 722 aligne lui aussi ses trois canons de 37mm... à moins de 100 mètres de l'école où étudie Godfried Gottschalk, "Lufwaffenhelfer" de 16 ans : "Un garçon est entré dans la classe et a crié 'Voralarm!' Nous nous sommes tous levés pour nous ruer dehors vers les canons, en attrapant casque d'acier et masque à gaz"

Il ne reste plus à ces "enfants" qu'à débâcher les canons, comprimer les ressorts d'armements, puis glisser un chargeur de 6 obus dans chaque culasse. Si les bombes tombent sur l'école avant qu'ils arrivent à leurs canons, ils meurent en civils innocents, injustement pris pour cible. Si elles tombent deux minutes plus tard, et cent mètres plus loin, ils deviennent soldats morts au combat. S'ils abattent un B24 américain, tuant les dix hommes d'équipage, ils sont décorés comme héros de la Nouvelle Allemagne. S'ils le ratent, ou si aucun bombardier ne se présente à portée de tir, ils rebâchent les canons et retournent tranquillement en classe dès la fin de l'alerte...

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