vendredi 25 mars 2005

747 - d'une réalité à l'autre

... si les citoyens allemands disposent de nombreux abris, de services de secours bien organisés et, au moins jusqu'en 1943, d'une défense anti-aérienne bien au point, au Japon, en revanche, dans leurs maisons presque exclusivement construites en bois, et généralement dépourvues de caves, les habitants, qui ne peuvent pas davantage compter sur une défense anti-aérienne et des services de secours efficaces, souffrent bien davantage.

En prenant la direction des opérations de bombardement sur le Japon, en janvier 1945, le général Curtis LeMay a en effet très vite réalisé que l'on peut facilement y recréer, et à bien moindre coût, les recettes du bombardement incendiaire qui ont déjà incinéré les villes allemandes.

Le 9 mai 1945, 300 "Superforteresses" B29 pilonnent Yamata et Tokyo ravageant 40 km2 d'habitations pour la perte de 14 appareils seulement, dont 13 à l'atterrissage (!) Le 25 mai, 464 B29 déclenchent l'apocalypse sur Tokyo, annihilant 49 km2 d'habitations pour la perte de 26 appareils. Vient ensuite le tour de Yokohama, rasée à 85%. A l'été, la plupart des grandes villes japonaises ne sont plus que des amas de ruines fumantes. Au bilan final, les raids de Curtis LeMay auront coûté la vie à des centaines de milliers de Japonais, et créé 13 millions de sans-abris.

Pour autant, on ne peut pas, là encore, conclure à l'absence de tout objectif militaire.

"Bien avant la guerre, les usines [d'armements japonaises] avaient été aménagées dans des zones fortement urbanisées (...) Plus grave encore, la concentration des usines et des ateliers de sous-traitance autour des grands centres urbains, que les B29 prirent pour cibles dès l'automne 1944. Dans ce domaine, le Japon paya durement l'imprévoyance générale tant des autorités trop confiantes que des constructeurs trop peu concernés par les problèmes de sécurité. Les grands centres industriels connus des Américains constituèrent de véritables invitations au bombardement. (...) Une fois de plus, la prise de conscience fut trop tardive. Les déplacements d'usines furent entrepris dans la plus grande précipitation, sous les bombes. En 1945, il résulta de ce chaos une chute sensible de la production"

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