lundi 21 mars 2005

743 - la guerre totale

... si toutes les villes finissent par être bombardées au moins une fois, ne serait-ce que par erreur, alors qu'on en vise une autre, certains bombardements peuvent évidemment sembler plus justifiés que d'autre.

A priori, Berlin - ville industrielle, capitale du Reich millénaire, siège du gouvernement - apparaît comme une cible plus légitime que Wörms, petite bourgade de 58 000 habitants n'abritant qu'une seule entreprise d'armement. Mais dans la logique de "guerre totale", il n'est plus ni cités ni civils innocents.

"Voulez-vous la guerre totale ?" s'écrie le Ministre de la Propagande du Reich, Joseph Goebbels à la tribune du Palais des Sports de Berlin, le 18 février 1943, avant d'ajouter, toujours soutenu par les acclamations d'une foule en délire, "Êtes-vous résolus à suivre le Führer et à lutter pour la victoire quel qu'en soit le coût".

Et bien que le coût se fasse jour après jour plus exorbitant, le régime nazi n'en conserve pas moins l'appui de la majorité du peuple allemand jusqu'à la mi-1944, lorsqu'il devient évident que l'Allemagne va se trouver laminée par l'avancée conjointe des troupes russes et anglo-américaines.

Encore la volonté de frapper en retour, plutôt que la résignation de se rendre, prédomine-t-elle quasiment jusqu'à la fin. Comme le souligne Jorg Friedrich, "Un sentiment de haine déferlait sur le peuple tout entier. De manière presque unanime, tous les Volksgenossen exigent qu'à partir de maintenant le peuple anglais soit exterminé. La vengeance contre l'Angleterre ne peut pas être assez dure (...) Après le raid de Francfort du 28 janvier 1944, on y appelle à la guerre bactériologique. (...) Le rapport de la Wehrmacht du 16 juin, qui annonce que des raids ont été menés sur le sud de l'Angleterre et sur Londres avec un engin explosif d'un genre nouveau [les fusées V1] provoque des transports de joie. (...) On exulte en apprenant que des coups ont été portés au centre de la ville"

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