samedi 19 mars 2005

741 - où est la cible ?

... pour détruire un objectif comme Coventry du haut des airs, encore faut-il le trouver, ce qui n'est pas une mince affaire, surtout de nuit. Car si l'obscurité protège quelque peu les très vulnérables bombardiers, elle les empêche également de voir ce qui défile sous leurs ailes.

"En août [1941], écrit l'historien allemand Jorg Friedrich, un rapport d'enquête [sur l'efficacité des bombardements et les pertes encourues] fut présenté au gouvernement et au Parlement, le rapport Butt. A l'aide de photos aériennes, il concluait que, lorsque le temps était favorable [ce qui était très rare] le *tiers* des appareils engagés touchait leur cible. La "cible" étant une zone d'un *rayon* de *huit kilomètres* autour d'un point. Dans le bassin de la Ruhr, principale zone d'opérations, on ne touchait sa cible que par hasard pendant les semaines sans lune. (...) En novembre 1943, toucher une zone industrielle (...) au sein des 900 kilomètres carrés de Berlin relevait encore du hasard".

De fait, à cette époque, et malgré l'apparition des premiers radars de bord, seul un équipage sur quatre est capable, de nuit, de placer ses bombes à moins de trois kilomètres de la cible visée (!)

Dit autrement, l'immense majorité des bombes que l'on tente d'envoyer sur des objectifs précis - comme des usines ou des raffineries de quelques centaines de mètres carrés - tombe tout simplement à côté, le plus souvent dans les forêts ou les champs de pommes de terre, ce qui, compte tenu des pertes que l'on subit (55 000 tués et 20 000 blessés ou prisonniers sur un effectif total de 125 000 aviateurs britanniques employés entre 1940 et 1945) est proprement insoutenable si le seul résultat concret de l'opération revient à labourer la campagne allemande.

Compte tenu des moyens techniques dont on dispose, il ne reste donc plus le choix qu'entre deux solutions : renoncer tout simplement à bombarder l'Allemagne et envoyer les avions à la casse, ou trouver, en Allemagne, des objectifs suffisamment étendus pour que les bombes puissent y toucher quelque chose de plus utile qu'un champ de pommes de terre.

Seules les villes correspondent à cette définition

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