vendredi 18 mars 2005

740 - cent fois sur le métier...
















... les ponts se réparent, les machines-outils se remplacent, les cratères se remplissent, les incendies s'éteignent, les ruines se déblaient, et d'autant plus facilement que la ville est industrielle et fortement peuplée.

Il importe donc de répéter fréquemment le bombardement, de ne pas laisser le moindre répit aux habitants en sorte que, épuisés, ils finissent par exiger la Paix, ce qui est le but final de la manoeuvre, par ailleurs régulièrement rappelé - avant et après les raids - par le largage de milliers de tracts, appelant la population à déserter les usines, à quitter les villes et, in fine, à se révolter contre ses dirigeants.

Bien entendu, le Pouvoir en place ne l'entend pas de cette oreille, qui réprime sévèrement, et condamne même à mort, ceux qui s'emparent de ces tracts ou se laissent aller à des comportements ou propos jugés "défaitistes". La ville grouille d'indicateurs de la Police. Chacun soupçonne l'autre d'être un délateur, se méfie, se replie sur lui-même, mais n'hésite pas pour autant à dénoncer son voisin, voire ses parents ou son conjoint. A mesure que la défaite se rapproche, la répression se fait plus impitoyable. L'écoute de la radio ennemie est passible des tribunaux. En 1945, le simple fait de hisser un drapeau blanc à un balcon allemand vaut exécution immédiate et sans jugement de tous les occupants de la maison.

Après le bâton vient évidemment la carotte. Loin de s'affaiblir, l'État se renforce par les bombardements, ou plus exactement par la relation d'obligés que les bombardements créent entre les sinistrés et lui. Aussi dictatorial soit-il, l'État est en effet le seul capable d'organiser les secours, de venir en aide à ceux qui ont tout perdu, de leur distribuer nourriture et boisson, de les reloger, de leur procurer mobilier et vêtements de remplacement, dut-il pour cela les rafler dans toute l'Europe. Si le bombardement de l'Allemagne ruine l'État et les citoyens allemands, il ruine aussi les États et les citoyens des pays occupés par l'Allemagne, qui se voient contraints d'y exporter leurs biens manufacturés et leurs produits agricoles pour remplacer ceux qui ont été détruits en Allemagne.

Pour l'assaillant, la réparation des biens détruits, et l'absence de révolte chez les sinistrés, constituent évidemment autant d'invitations à répéter les bombardements. Les villes sont donc bombardées et rebombardées des dizaines de fois. Certaines, comme Berlin, plusieurs centaines...

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