jeudi 17 mars 2005

739 - les sorciers du feu

... Dépendamment de la nature de la cible (ville ancienne ou nouvelle, constructions en bois, en pierres ou en briques, densité de population, etc.), on utilise différentes compositions chimiques, et différents dosages de bombes incendiaires et explosives.

A l'empirisme de la Légion Condor, qui en 1936 lance des bidons simplement remplis d'un mélange d'huile et d'essence (lointain ancêtre du napalm) sur les villes et villages espagnols, réplique bientôt la recherche et l'expérimentation des scientifiques britanniques, qui font grand usage de phosphore, de produits chimiques corrosifs, et de méthanol.

La pyromanie guerrière n'est pas encore une science exacte, mais ce n'est déjà plus de l'artisanat d'amateurs. Jour et nuit, des techniciens étudient donc les cartes d'Allemagne et les dossiers des compagnies d'assurances. Ils comparent les habitats, réfléchissent et testent de nouveaux mélanges dont le but ultime est de provoquer l'apparition d'un "tempête de feu", comme celle qui engloutira Hambourg en juillet 1943 et forcera le Ministre allemand de la Propagande, Joseph Goebbels, à écrire, devant l'ampleur des destructions que rien n'a pu arrêter - les températures ont dépassé les mille degrés - qu'il s'agissait "d'une catastrophe devant laquelle recule l'imagination".

Sans surprise, ce sont les villes anciennes, à l'habitat très resserré, et construites en bois, qui brûlent le mieux. Si le feu adore les greniers, les poutres centenaires et les rues étroites, et n'aime ni le béton ni les banlieues ni les larges avenues, il conserve néanmoins sa part de magie, laquelle fait précisément le désespoir des sorciers britanniques, qui ne parviennent pas à comprendre pourquoi Berlin brûle aussi mal malgré tous les incendies qu'ils s'efforcent d'y allumer.

Berlin se fut-il avéré aussi combustible que Cologne ou Hambourg, la Seconde Guerre mondiale eut sans doute pris une tournure différente, et duré moins longtemps.

Ce ne fut hélas pas le cas...

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