dimanche 13 mars 2005

735 - copier n'est pas jouer

... Le 8 août 1941, pour répondre aux premiers bombardements de Moscou par la Luftwaffe allemande, des bimoteurs DB-3 s'en prennent à la capitale du Reich, n'y causant que des dégâts insignifiants.

Le premier bombardement par des Pe-8, deux jours plus tard, est encore plus anodin. Sur les 10 quadrimoteurs prévus pour le raid, seuls quatre parviennent à prendre l'air avant que les autres départs ne soient annulés suite à l'écrasement d'un Pe-8 au décollage.

Et un seul parvient à rentrer à sa base après la mission.

Jusqu'à la fin du conflit, les Pe-8 n'en continueront pas moins leur guerre dans l'anonymat et l'ombre des grands raids britanniques et américains.

Incapable de lui fournir un successeur, et de le produire en nombre suffisant, l'industrie soviétique jugera finalement plus avantageux - et surtout plus pratique - de copier intégralement, et illégalement, le B29 américain, dont plusieurs exemplaires ont dû effectuer des atterrissages forcés en Sibérie au retour de missions sur le Japon.

Si les autorités soviétiques consentiront à libérer les aviateurs américains, elles refuseront en revanche de restituer les avions, qui seront démontés jusqu'au dernier boulon, puis copiés, afin de donner naissance au Tupolev TU-4, qui effectuera son premier vol, le 3 juillet 1947, trop tard pour bombarder la moindre ville allemande ou japonaise.

Quant aux Pe-8, bombardiers insignifiants malgré leurs dimensions respectables, la plupart seront finalement convertis en avions de transport, à l'image de celui qui convoya le ministre Molotov de Moscou jusqu'à Washington, en mai 1942.

Un voyage interminable, effectué dans des conditions dantesques : le Pe-8 n'étant ni chauffé ni pressurisé, Molotov et sa suite durent supporter, des heures durant, vestes fourrées et masques à oxygène, par des températures qui descendirent jusqu'à moins 40 degrés...

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