lundi 14 mars 2005

736 - les trois petits cochons

... Pour détruire les villes - sièges du Pouvoir politique, administratif et économique, et également refuges des industries d'armements - on utilise des bombes explosives. Mais s'ils démolissent les maisons en surface, les projectiles de petit et moyen calibre s'avèrent en revanche généralement inefficaces contre les caves, et sans effet aucun contre les bunkers souterrains, où les civils attendent patiemment la fin de l'alerte.

Plus grave : hormis l'éventualité d'un coup direct - statistiquement fort rare - les ponts, les machines-outils, les voies de chemin de fer, n'ont pas grand-chose à craindre des bombes conventionnelles, qui n'agissent que par effet de souffle. Durant la guerre du Vietnam, les Américains vont ainsi gaspiller des centaines de tonnes d'explosifs dans d'innombrables tentatives visant à abattre le Pont Doumer à Hanoï, n'y réussissant au bout du compte que par l'emploi des premières "bombes intelligentes" à guidage laser (Saviez-vous que... -133 -)

Allégorie des trois petits cochons, le souffle des bombes explosives de la Seconde Guerre mondiale abat les bâtiments administratifs, crève les verrières des usines, aplatit les quartiers ouvriers alentours,... mais reste le plus souvent impuissant contre les machines et les équipements, protégés par de simples murs pare-souffle. Après quelques heures de réparation et de déblayage, quelques jours au maximum, l'usine, le port, la gare, retrouvent leur rendement habituel.

Face à ce constat sans appel, le premier réflexe est de bombarder à saturation, d'augmenter la quantité de projectiles largués. Cette méthode, dite du "tapis de bombes", entraîne cependant un extraordinaire gaspillage de munitions, en plus de mobiliser un nombre sans cesse croissant de bombardiers, qui aboutira aux célèbres "raids de mille avions", dont la magie du chiffre masque bien souvent l'inefficacité pratique.

On peut aussi accroître la taille - et donc le poids - des bombes elles-mêmes, en se disant qu'une seule bombe plus grosse et plus lourde causera davantage de dégâts que dix bombes légères. Dans cette discipline très particulière, les Britanniques sont les spécialistes incontestés, avec leurs "Tallboy" de 5.4 tonnes, et leurs "Grand Slam" de 10 tonnes,... qui nécessitent tout de même des Lancaster spécialement modifiés, et très vulnérables.

La "Grand Slam" pulvérise théoriquement un quartier d'habitations en entier, mais est trop difficile à fabriquer et à transporter pour devenir une arme d'usage courant.

Du reste, dès 1936, les Allemands ont testé, et développé, une méthode bien plus économique pour détruire les villes...

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