... L'avion avait aboli la ligne de Front traditionnelle, et pouvait désormais porter la mort au coeur des villes, aussi loin que le lui permettait son rayon d'action. Les civils le savaient, et s'y préparaient de leur mieux.A Paris, à Londres, à Berlin, et dans la plupart des grandes villes menacées par les raids, les citadins couvraient les fenêtres de leurs maisons de longues bandes autocollantes, pour se protéger des éclats de verre en cas d'explosion et, lorsqu'ils en disposaient, transformaient leurs caves en abris anti-aériens.
Les collections des musées prenaient le chemin des sous-sols, tandis que les monuments et ouvrages d'art disparaissaient sous les sacs de sable. Et comme les avions ennemis pouvaient facilement s'orienter, de nuit, à la lueur des lampes électriques, le black-out s'imposa tout naturellement dans les villes, et les plongea dans des ténèbres dignes du Moyen-Âge.
Bien que demeurant officiellement "civils", les citadins qui avaient eu la chance d'échapper à l'enrôlement se retrouvaient fréquemment - et plus ou moins volontairement - embrigadés dans des unités paramilitaires de "défense passive". Ils creusaient des tranchées, observaient le ciel, et se préparaient à affronter les incendies ainsi qu'à secourir les blessés. Ils se métamorphosaient en auxiliaires de police, ou en délateurs, et renseignaient les autorités sur toute présence ou activité suspecte, tant chacun redoutait la venue d'espions, de saboteurs et d'agents de la "Cinquième Colonne".
Implantées au coeur des villes, les usines d'armements, ainsi que toutes celles dédiées de près ou de loin à l'industrie de guerre, se mirent à tourner à plein régime et à drainer toute la main d'oeuvre disponible, comme elles l'avaient déjà fait 25 ans auparavant. Mais, à la différence de ce qui s'était passé lors de la Première Guerre mondiale, elles avaient cette fois peu de chances d'échapper à la guerre elle-même...
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