dimanche 13 février 2005

707 - in memoriam

... les cuirassés s'en sont allés, refermant avec eux une page définitivement révolue des combats navals, où l'on voyait encore celui que l'on combattait. Baptisés en 1862 à Hampton Roads, ce n'était que justice qu'ils s'éteignent, au début des années 1990, non loin des rives qui les avaient vu naître.

Obsolètes dès 1942, ils ont cédé la place aux portes-avions, soit aux navires dont ils avaient eux-mêmes assuré la naissance, au lendemain de la Première Guerre mondiale.

Au bilan final, les cuirassés laisseront un bilan mitigé, pour ne pas dire décevant. Loin de s'avérer les "capital ships" - les pièces maîtresses des flottes de combat - ils auront à maintes reprises fait preuve d'une surprenante vulnérabilité à bien moins puissant qu'eux. Face aux mines bien sûr - tel le Bouvet français qui, en mars 1915, coula en moins de deux minutes - mais aussi, et surtout, face aux avions et aux sous-marins.

Du reste, contrairement à tous les pronostics, et à l'exception d'un bref engagement au Jutland en mai 1916, jamais on ne vit de véritables batailles rangées entre casernes flottantes, mais tout au plus quelques affrontements sporadiques entre une poignée de cuirassés, qui se soldèrent généralement par des matchs nuls et la retraite des uns et des autres. Et quand les cuirassés succombèrent, ce fut plus souvent du fait de bombes d'avions et de torpilles de sous-marins que d'obus d'autres cuirassés.

Quant à leurs gigantesques plaques de blindage, conçues pour les protéger contre toute attaque, elles se sont trop souvent révélées autant de pièges mortels pour les marins qu'elles abritaient, volatilisés par l'explosion des soutes à munitions, ou noyés avant d'avoir eu le temps de s'extraire de leur cercueil d'acier.

D'un pur point de vue comptable, ou au strict plan de l'efficacité militaire, les cuirassés furent une aventure aussi ruineuse qu'inutile. N'en restent plus aujourd'hui que des souvenirs et quelques images...

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