
... si la Première Guerre mondiale avait éliminé l'Allemagne en tant que puissance maritime, elle avait aussi notablement affaibli la Grande-Bretagne, et favorisé les ambitions de deux nations émergeantes - les États-Unis et le Japon - qui, dès 1916, avaient autorisé la mise en chantier de plusieurs dizaines de nouveaux cuirassés et croiseurs de bataille dont la construction, du fait de la guerre, avait cependant pris beaucoup de retard.
A Tokyo comme à Washington, les supporters de la "Grande Marine" ne faisaient d'ailleurs pas mystère de leur intention de bientôt ravir à Londres sa maîtrise sur les mers. Aux États-Unis, certains réclamaient même la construction d'une flotte capable, si nécessaire, d'affronter le Japon et la Grande-Bretagne réunis (!)
Début 1920, le Congrès américain siffla pourtant la fin du match : jamais l'opinion publique n'accepterait le financement, ni même l'achèvement, d'une gigantesque flotte de cuirassés deux ans seulement après la fin d'une guerre dont tout le monde affirmait qu'elle était la dernière.
En novembre 1921, le Président Harding alla plus loin, en réclamant la signature, par toutes les grandes puissances navales, d'un accord sur la limitation des armements - le futur Traité de Washington.
D'emblée, Harding proposa d'envoyer à la ferraille la bagatelle de 854 000 tonnes de navires de guerre américains, 583 000 tonnes de navires anglais, et 449 000 tonnes de navires japonais. Après trois mois de négociations, les participants à la Conférence parvinrent à un accord sur les "vacances du cuirassé", qui fut signé le 6 février 1922.
L'Angleterre - alors première puissance navale au monde - fut autorisée à conserver 18 cuirassés, de même que les États-Unis, tandis que les Japonais, les Français et les Italiens se contenteraient de 10 chacun. On s'entendit également pour limiter le poids des nouveaux bâtiments à 35 000 tonnes, et le calibre maximal de leur artillerie à 406mm
Comme tout compromis, ce Traité alimenta hélas les rancoeurs, et poussa très rapidement chacun des signataires à en interpréter les clauses de manière très libérale et la plus conforme possible à ses propres intérêts (Saviez-vous que... 64 à 73)
Il permit aussi, et surtout, la naissance de celui qui allait bientôt condamner à mort les cuirassés eux-mêmes...
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