lundi 18 octobre 2004

589 - le saut du cavalier

... avec un cuirassé, deux cuirassés de poche, un croiseur, une dizaine de destroyers, une douzaine de sous-marins et près de 300 avions mobilisés pour l'opération "Rösselsprung" ("saut du cavalier"), l'amiral Carls, commandant en chef du théâtre Nord, dispose de forces considérables pour attaquer le convoi PQ17 parti de Grande-Bretagne, et lui infliger de telles pertes qu'elles persuaderaient ensuite les Britanniques de renoncer à ravitailler l'Union Soviétique en fournitures indispensables à son effort de guerre.

Mais les choses ne sont pas si simples. Et à vrai dire, ce ne sont pas tant les moyens que les Alliés ne manqueront pourtant pas de réunir pour protéger leur convoi qui inquiètent Carls, mais bien la délicate susceptibilité des différents généaux et amiraux allemands, et par dessus tout les "ordres personnels du Führer".

Car Hitler ne veut pas de pertes ! On ne peut, sans son accord formel, déplacer le Tirpitz ne serait-ce que de quelques mètres. Depuis le dramatique épisode du Bismarck au printemps précédent, il est désormais interdit d'engager les grandes unités de surface allemandes si la supériorité matérielle n'est pas assurée, et même si l'on ne fait que suspecter la présence d'un porte-avions britannique dans les parages !

En principe, la présence des nombreux appareils de la Luftwaffe devrait tout à la fois dissuader les Britanniques d'engager un de leurs précieux porte-avions, et assurer à la Kriegsmarine les reconnaissances et couvertures aériennes indispensables. Mais les aviateurs ne sont pas placés sous les ordres de l'amiral Carls, mais bien sous ceux du général d'aviation Stumpf, lequel ne prend les siens que du Reichsmarchall Herman Goering en personne.

Et si l'attaque du convoi PQ17 se solda en définitive par un triomphe - ou plutôt un massacre - ce ne fut, paradoxalement, certes pas du fait des "ordres personnels du Führer", de la brillante stratégie des généraux et amiraux allemands, ou de leur parfaite collaboration.

Ce fut plutôt malgré eux...

Aucun commentaire: