dimanche 17 octobre 2004

588 - les convois vers la Russie

... En juillet 1942, la puissance allemande, un instant ralentie devant Moscou, était à son apogée. A l'exception des îles britanniques, l'Europe entière marchait désormais au pas dicté par Berlin. Au Moyen-Orient, Tobrouk était tombée et Rommel marchait sur Alexandrie. En Crimée, Sébastopol avait été réduite en poussières par le canon Dora et les mortiers Karl ou Thor. En Russie, la Wehrmacht préparait son offensive qui devait la mener jusque Stalingrad. Et dans l'Atlantique, les U-booten semblaient sur le point de gagner la guerre contre les convois alliés.

A l'heure où l'Union Soviétique paraissait au bord de l'effondrement, le seul cordon ombilical qui la liait encore à ses alliés occidentaux passait par l'océan glacial Arctique et les ports d'Arkhangelsk ou de Mourmansk.

Dès l'été 1941, plusieurs convois venus de Grande-Bretagne avaient acheminé au Paradis des Prolétaires les approvisionnements, nourriture, avions, véhicules, indispensables à son effort de guerre. Au 1er mars 1942, 111 cargos étaient déjà arrivés à Mourmansk et Arkhangelsk, au prix de pertes insignifiantes.

Il n'en fallait pas plus pour convaincre Hitler de tout mettre en oeuvre pour faire cesser ces approvisionnements qui menaçaient son offensive finale contre le bolchevisme.

Trop vulnérables dans l'Atlantique, et trop peu nombreux pour y affronter la Home Fleet britannique, les grands bâtiments de surface de la Kriegsmarine - dont le cuirassé Tirpitz - furent donc concentrés en Norvège septentrionale, afin d'y harceler les convois en route vers l'URSS. L'amiral Dönitz rappela quelques sous-marins de l'Atlantique pour leur prêter main-forte, tandis que le Reichsmarchall Goering dépêchait sa Luftwaffe sur tous les terrains d'aviation de la région du Cap Nord.

Ce renforcement allemand produisit bientôt des résultats spectaculaires. En avril, le convoi PQ13 perdit ainsi cinq navires sur treize. En mai, le PQ16, attaqué simultanément par une demi-douzaine de sous-marins et près de 300 avions, perdit sept cargos sur trente-quatre.

Pour les responsables allemands, le passage du prochain convoi, attendu fin juin, devait faire l'objet d'une attaque si spectaculaire qu'elle dissuaderait à tout jamais les Britanniques de poursuivre l'aventure. Outre le Tirpitz déjà évoqué, l'opération mobiliserait également les deux "cuirassés de poche" Lützow et Admiral Scheer, le croiseur lourd Admiral Hipper, une dizaine de destroyers, une douzaine de sous-marins, et les quelques 300 appareils de la Luftflotte V.

Baptisée "Rösselsprung" ("saut du cavalier"), cette opération devait ni plus ni moins éradiquer un convoi qui allait bientôt entrer tristement dans la légende.

Il s'appelait le PQ17

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