lundi 11 octobre 2004

582 - une efficacité dérisoire

... en décembre 1939, le sabordage du Graf Spee devant Montevideo avait mis un terme provisoire aux opérations des grandes unités de la Kriegsmarine dans l'Atlantique. Mais la conquête de la France, à l'été 1940, allait leur offrir une seconde chance, en même temps que des ports bien plus proches de leurs zones d'opération.

Le 23 octobre 1940, le panzerschiff Admiral Scheer avait repris la mer pour une croisière qui dura jusqu'en avril 1941, et se traduisit par la destruction de 100 000 tonnes de navires alliés. Le 30 novembre, le croiseur lourd Admiral Hipper prenait à son tour la route de l'Atlantique, détruisant une douzaine de cargos avant de rallier Brest en février 1941.

Et même si les croiseurs de bataille Scharnhorst et Gneisenau, qui avaient appareillé le 22 janvier 1941, durent finalement laisser passer le convoi HX106, ils n'en rentrèrent pas moins à Brest le 22 mars suivant, après avoir coulé 22 cargos alliés, pour un total de 116 000 tonnes.

Aussi satisfaisants qu'ils pouvaient paraître, ces résultats n'en étaient pas moins peu de choses en regard de ceux obtenus par de vulgaires cargos armés comme l'Atlantis (146 000 tonnes), le Thor (153 000 tonnes) ou le champion über alles, le Pinguin, qui était parvenu à expédier 165 000 tonnes de navires alliés avant de succomber en mai 1941 sous les obus du croiseur britannique Cornwall.

Encore ces palmarès ne voulaient-ils rien dire si on les comparait à ceux des grands as des U-booten : à leur disparition, en mars 1941, Joachim Schepke et Otto Kretschmer totalisaient à eux deux plus de 500 000 tonnes de navires alliés coulés !

A quoi bon, dans ces conditions, s'obstiner à lancer sur l'Atlantique des casernes flottantes d'une aussi piètre efficacité, aussi ruineuses à construire qu'impossibles à soustraire aux regards ennemis ? A quoi bon, en ce 21 mai 1941, célébrer l'appareillage du plus puissant cuirassé jamais fabriqué par l'Allemagne ?

Il s'appelait le Bismarck

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