samedi 9 octobre 2004

580 - "la route du fer"

... quatre mois après le sabordage du Graf Spee, et juste avant que la campagne de France ne démarre, un curieux épisode avait eu lieu en Norvège, où les troupes allemandes débarquèrent pour prévenir une invasion des troupes britanniques, elles-mêmes soucieuses de prévenir un débarquement des troupes allemandes (!)

Officiellement neutre en 1939, la Norvège et ses ressources naturelles excitait la convoitise des Allemands, et avivait les craintes des franco-britanniques de voir les Allemands mettre la main dessus. Le 8 avril 1940, la France et la Grande-Bretagne, prises la main dans le sac, furent contraintes de reconnaître qu'elles étaient effectivement occupées à poser des mines dans les eaux territoriales norvégiennes. Il n'en fallait pas plus pour inciter Hitler à décréter, dès le lendemain, l'invasion de la Norvège.

Largement improvisée, l'opération généra, de part et d'autre, de nombreuses pertes, particulièrement sur mer, où le tout nouveau croiseur lourd Blucher, qui s'était fort imprudemment aventuré devant Oslo dès les premières heures de l'invasion, fut immédiatement pris pour cible par les batteries côtières norvégiennes, dont les vieux canons de 280mm expédièrent promptement par le fond ce fleuron de la Kriegsmarine.

Ce même jour, une bataille navale opposant les croiseurs de bataille Scharnhorst et Gneisenau au britannique Renown se termina par la fuite des premiers. Le lendemain, le vieux cuirassé Warspite - vétéran de la Première Guerre mondiale - régla le sort de la dizaine de destroyers allemands qui avaient pénétré dans l'Olotfjord pour y débarquer des troupes.

Les Allemands prirent leur revanche deux mois plus tard, lorsque l'effondrement de la situation militaire en France contraignit le corps expéditionnaire franco-britannique à évacuer la Norvège, où il combattait depuis plusieurs semaines afin de couper "la route du fer". Le 9 juin, en fait de route, les Scharnhorst et Gneisenau croisèrent plutôt celle du porte-avions Glorious et de ses deux destroyers d'escorte. Les croiseurs de bataille allemands ouvrirent le feu à 26 000 mètres et, malgré les attaques désespérées des destroyers d'escorte, détruisirent le Glorious, seul exemple connu d'un porte-avions détruit par des navires de ligne.

Endommagé au cours de l'attaque par une torpille du destroyer britannique Acasta - qui fut lui-même coulé - le Scharnhorst dû néanmoins rentrer en Allemagne pour y être réparé. Trois semaines plus tard, le Gneisenau reprenait lui aussi le chemin de la mère patrie, atteint par une torpille de sous-marin britannique, qui lui arracha l'étrave.

Abandonnée par les Franco-britanniques, la Norvège sombra sous la férule de Vidkun Quisling, chef du mouvement pro-nazi Nasjonal Samling, et, pendant cinq ans, fut contrainte d'héberger les unités de la Kriegsmarine dans ses fjords...

2 commentaires:

Anonyme a dit...

En fait , le Blucher encaissa aussi des torpilles (des pièces de musée datant d'avant la guerre de 14, mais entretenues avec un sérieux très nordique et régulièrement lancées et récupérées en exercice par une équipe d'officiers et de marins ayant atteint ou dépassé l'age de la pension de retraite) tirées depuis une station fixe sous la forteresse d'Oscarborg.

Anonyme a dit...

En fait , le Blucher encaissa aussi des torpilles (des pièces de musée datant d'avant la guerre de 14, mais entretenues avec un sérieux très nordique et régulièrement lancées et récupérées en exercice par une équipe d'officiers et de marins ayant atteint ou dépassé l'age de la pension de retraite) tirées depuis une station fixe sous la forteresse d'Oscarborg.