... la Pologne liquidée en quelques semaines, l'Europe était entrée dans ce que l'on appela bientôt la "drôle de guerre".
Dès les premières heures du conflit, l'armée française, bien loin de se porter au secours de son alliée polonaise - comme elle s'y était pourtant engagée - s'était prudemment enterrée sous ses casemates de la Ligne Maginot, observant à distance une armée allemande qui, trop heureuse de l'aubaine, avait profité de cet attentisme inespéré pour en finir à l'Est, puis rapatrier vers l'Ouest ses divisions victorieuses avec lesquelles elle entendait bien, à bref délai, s'emparer non seulement de la France, mais aussi de la Belgique et de la Hollande, en attendant qui sait de mettre un jour le pied sur le sol anglais.
Depuis des mois, sur Terre comme dans les Airs, Français et Britanniques s'étaient bien gardés de toute action qui eut risqué de provoquer une violente réaction allemande, se contentant de quelques brèves incursions "pour rire" (telle "l'Offensive de la Sarre") avant tout destinées à sauver l'Honneur et à donner aux journalistes quelques lignes à écrire sur une guerre que personne ne comprenait et que beaucoup - à commencer par Hitler ! - espéraient encore voir se terminer de manière diplomatique.
Sur Mer, en revanche, les premières attaques des navires corsaires et des sous-marins allemands, et surtout l'apparition dans l'Atlantique des "cuirassés de poche" Deutschland et Admiral Graf Spee, avaient semé beaucoup d'inquiétudes et un tout autre émoi.
Même si les pertes restaient encore de peu d'importance - et sans commune mesure avec ce qu'elles seraient en 1941-1942 - elles n'en avaient pas moins suscité les plus vives inquiétudes quant à la sécurité des approvisionnements vitaux depuis les Amériques, et en particulier quant aux fournitures de matériel de guerre en provenance des États-Unis et du Canada.
Très vite, des dizaines de bâtiments de guerre, cuirassés, croiseurs, porte-avions, destroyers, sous-marins, furent lancés dans l'Atlantique à la recherche des fantomatiques bâtiments de la Kriegsmarine. Mais le Deutschland, puis les croiseurs de bataille Scharnhorst et Gneiseneau, avaient réussi à leur échapper et à rentrer en Allemagne sans encombre mais sans afficher pour autant des résultats importants contre les navires de commerce alliés.
C'est dans ce contexte que le Graf Spee, dont tout le monde avait perdu la trace depuis son attaque du 22 octobre 1939 contre le minéralier Trevanion, décida - pour son plus grand malheur - de se rappeler au bon souvenir de l'Amirauté britannique...
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