dimanche 3 octobre 2004

574 - des résultats décevants

... le 15 novembre 1939, le Deutschland - le premier des trois "cuirassés de poche" a réussi à déjouer les dizaines de navires franco-britanniques lancés à sa recherche, et est sagement rentré à Kiel.

Sur un plan strictement comptable, sa croisière de trois mois s'est avérée particulièrement décevante, puisqu'il n'a coulé que deux cargos ennemis totalisant moins de 8 000 tonnes.

De leur côté, les Scharnhorst et Gneisenau ont pris la mer pour leur première sortie de guerre. Bien que leur taille et leur poids les classent comme croiseurs de bataille, ces deux bâtiments ne sont - fondamentalement - que des versions agrandies des trois Panzerschiff, dont ils reprennent en particulier les tourelles triples, armées de canons de 280mm. Un choix curieux en regard de leurs adversaires britanniques - qui portent au minimum du 356mm - mais qui s'explique, déjà, par l'incapacité de l'industrie allemande à faire face à la frénésie des commandes hitlériennes. Le remplacement des trois tourelles triples de 280mm par trois tourelles doubles de 380mm (les mêmes que celles du Bismarck et du Tirpitz) était prévu à terme, mais ne fut jamais réalisé.

De toute manière, quel que soit le calibre de leur artillerie, ces deux bâtiments n'ont pas particulièrement brillé puisque que leur croisière commune, entamée le 21 novembre 1939, s'est soldée par la seule perte du Rawalpindi - un paquebot transformé en croiseur auxiliaire - qu'ils ont envoyé par le fond avant de devoir regagner Kiel après moins d'une semaine en mer.

Là encore, leur principale participation à l'effort de guerre allemand a été de mobiliser contre eux la bagatelle de six cuirassés, deux porte-avions, douze croiseurs et des dizaines de destroyers alliés (!), qui les ont cherché en vain, de Brest à Scapa Flow, et de Halifax à Loch Ewe.

Manifestement, les grosses unités de la Kriegsmarine sont trop repérables, et largement surarmées pour une guerre de course contre de simples navires de commerce - une mission qui convient finalement bien mieux aux cargos armés et, a fortiori, aux U-booten - alors que leur simple infériorité numérique les contraint à s'enfuir à la moindre apparition de leurs homologues alliés, ou à être irrémédiablement détruits par eux.

Le Graf Spee va bientôt, et bien malgré lui, en apporter une démonstration éclatante...

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