... le Traité de Washington de 1922 ayant interdit à l'Allemagne de construire des navires de guerre de plus de 10 000 tonnes - c-à-d supérieurs aux croiseurs lourds alors en service dans toutes les marines du monde - les ingénieurs allemands s'efforcèrent, bien avant l'arrivée d'Hitler au Pouvoir, de réaliser un bâtiment qui, bien que demeurant dans les limites du Traité, pourrait agir comme corsaire contre les navires de commerce ennemis.
Fondamentalement, il s'agissait de réaliser - en plus petit - l'équivalant des croiseurs de bataille de la Première Guerre mondiale, soit un bâtiment disposant de l'armement d'un cuirassé mais de la vitesse d'un croiseur, avec un blindage bien moins épais que celui d'un véritable cuirassé mais tout de même supérieur à celui - le plus souvent inexistant - des croiseurs lourds qu'il aurait à affronter.
La mise en service du Deutschland , en avril 1933 fit l'effet d'une bombe. Aux croiseurs lourds contemporains qui se contentaient de six à douze canons d'un calibre compris entre 150 et 203mm, le Deutschland répliquait en effet par six canons de 280mm (en deux tourelles triples) et huit canons de 150mm (en huit tourelles simples).
Avec un pareil armement, une vitesse de 28 noeuds, un léger blindage, et un rayon d'action de 16 000 kilomètres, le Deutschland surclassait à ce point ses rivaux qu'il donna à lui seul le signal d'une nouvelle course aux armements navals.
Pour parvenir à un tel résultat, les ingénieurs allemands avaient évidemment dû innover, en particulier par l'emploi massif de la soudure en lieu et place des traditionnels rivets, gage d'un important gain de poids. Mais au delà de leurs prouesses techniques, ils avaient également dû recourir à ce qui allait devenir la véritable marque de fabrique du régime nazi : le mensonge et le non-respect des traités signés. Officiellement annoncé comme 10 000 tonnes, le Deutschland en avouait en réalité... 4 000 de plus.
Cette "légère erreur de calcul" mise à part, le Deutschland ne pouvait que combler - du moins sur le papier - les voeux de la nouvelle marine hitlérienne : sa vitesse lui permettrait en effet d'échapper à la plupart des cuirassés et croiseurs de bataille britanniques, et son armement d'affronter avec succès tous les croiseurs lourds que l'on oserait lui opposer.
Entré en service en avril 1933, le Deutschland fut suivi par l'Admiral Scheer en novembre 1934, puis, en janvier 1936, par un troisième Panzerschiff identique qui fit, à la revue navale de Spithead, à l'occasion du couronnement du Roi George VI, une entrée en scène très remarquée
Il s'appelait l'Admiral Graf Spee.
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