... jusqu'à l'apparition des porte-avions d'escorte, en 1942, les convois qui se relayaient sans relâche sur l'Atlantique ou à destination de Mourmansk restaient à la merci des grands avions d'observation allemands, et en particulier des très élégants - mais fort fragiles - quadrimoteurs Focke-Wulf 200 "Condor" qui, non contents de les débusquer et d'en indiquer la position aux meutes d'U-booten, ne rechignaient pas, à l'occasion, à leur balancer quelques bombes.
La Fleet Air Arm eut alors l'idée, un peu folle, d'installer une catapulte sur le pont de certains cargos, et d'y accrocher un chasseur Hawker Hurricane réformé.
Si un appareil ennemi était repéré, le pilote, qui n'avait rien eu d'autre à faire de toute la traversée, s'installait alors dans son appareil et priait Dieu et tous ses saints pour que la catapulte fonctionne correctement. Si tel était le cas, il ne lui restait plus qu'à se lancer à la poursuite du gros avion d'observation, et à tenter de l'abattre.
Cette importante tâche patriotique accomplie, venait alors le moment le plus délicat de toute l'opération : sauter en parachute ou tenter d'amerrir dans un océan glacial et souvent démonté, en implorant à nouveau le Tout Puissant et ses acolytes pour qu'ils incitent un des bâtiments du convoi à lui porter secours,... puisque rien n'avait été prévu pour récupérer un avion par ailleurs dépourvu de flotteurs (!)
Chaque catapultage d'un Sea Hurricane se traduisait donc par la perte de l'appareil et - si Dieu était de mauvaise humeur ou simplement distrait - par celle de son pilote.
Cette logique, qui paraîtrait inconcevable aux militaires syndiqués d'aujourd'hui, était parfaitement acceptée à l'époque, où l'on considérait que la destruction, ou du moins la fuite, d'un des précieux et rares "Condor" de la Luftwaffe valait bien la perte d'un chasseur démodé et de son pilote.
Lorsque l'on s'avisa qu'il était préférable - encore que plus long à réaliser - d'équiper les cargos d'un véritable petit pont d'envol plutôt que d'une simple catapulte, les "Catapult Armed Ship" disparurent de la nomenclature de la Marine de Guerre britannique, pour le plus grand bien des pilotes de la Fleet Air Arm.
1 commentaire:
Bonjour!
Le titre évoque Tex Avery et on pourrait penser à une élucubration d'un auteur de dessins animés un brin sadique, avec un savant fou dans le rôle de l'ingénieur - concepteur...mais en fait cet affreux bricolage était relativement pragmatique.
En haute mer l'ennemi juré des marins anglais était le Condor FW200, qui bombardait (un peu) les cargos du convoi, mais surtout, rameutait les U boote à grands coups de messages radio, jour après jour. Comme le Condor était un avion civil transformé, il n'avait pas de blindage, pas de réservoirs auto-étanches et un armement défensif ridicule comparé à un vrai guerrier comme le B17 forteress volante.Notoirement le Condor (le fléau de l'Atlantique) était fragile (pas de manoeuvres d'évitement) et prenait facilement feu.
Dès lors, même avec un vieux hurricane semi réformé, un pilote de chasse même modérément doué pouvait descendre en flammes un Condor sans trop forcer son talent...en termes de vies perdues rapportés aux vies et aux navires épargnés, le calcul n'était pas si stupide.
Par ailleurs, le taux de perte sur les quelques missions accomplies par des "hurricats"n'est pas si catastrophique, sans avoir valeur de statistique...mais c'est sûr qu'un bain hivernal dans l'atlantique nord ou l'océan arctique est moins engageant qu'un bain estival en compagnie de jolies filles à juan les Pins ou même à Brighton.
Total respect quand même aux pilotes volontaires pour ce "sport nautique"...!
Dans le même ordre d'idées, le sacrifice des aviateurs russes (volontaires ou pas???) priés de tenter d'éperonner en vol (le Taran) les bombardiers allemands avec leurs polikarpov I 16 dépassés ont fait crier à la folie stalinienne, mais devant le constat de l'infériorité du I16 face à la chasse allemande, la tactique qui consistait à hacher menu la queue du bombardier adverse (entoilée) avec l'hélice du chasseur était la seule façon de rendre des coups de façon efficace en même temps qu'une arme de guerre psychologique pour la propagande soviétique.
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