565 - "aussi indispensables à l'Armée rouge que l'air qu'elle respire et le pain qu'elle mange"

... en 1935, l'armée rouge lança le programme d'un avion de type entièrement nouveau qui aboutit, en 1939, au "Bronirovanii Shtourmovik", ou avion de combat blindé.

Et de fait, l'Iliouchine Il-2 "Shtourmovik" (et son successeur Il-10) était un véritable tank volant, dont le dessous incorporait près d'une tonne de blindage protégeant le moteur, les réservoirs et l'équipage.

Avec pareil blindage, deux canons de 23mm, des lance-roquettes et une demi-tonne de bombes, l'engin s'avéra très efficace contre les blindés allemands, et relativement invulnérable à la Flak de petit calibre qui avait fait, et continuait de faire, des ravages parmi les avions d'assaut occidentaux moins bien protégés.

En maniabilité et performances pures, en revanche, les lourds et lents Shtourmoviks constituaient des proies faciles pour les chasseurs allemands, qui les attaquaient évidemment du dessus et par l'arrière, là où le blindage était inexistant.

Comme il était techniquement impossible de protéger l'intégralité des surfaces de l'appareil, les ingénieurs d'Iliouchine n'eurent d'autre choix que d'installer un poste de mitrailleur arrière à partir de février 1942, puis de renforcer progressivement l'armement dont il disposait(une mitrailleuse de 12.7mm ou un canon de 20mm). Mais cette solution, outre le fait d'alourdir encore un peu plus l'avion, n'était qu'un pis-aller et il fallut attendre la fin de 1944, l'apparition du très amélioré et plus puissant Il-10, et la disparition progressive de la chasse allemande, pour que les pertes des Shtourmoviks en combat aérien diminuent enfin.

Sur ordre personnel de Staline, qui considérait les Shtourmoviks comme "aussi indispensables a l'Armée rouge que l'air qu'elle respire et le pain qu'elle mange", la production battit tous les records mondiaux : lorsque l'Il-10 le remplaça sur les chaînes de montage, en août 1944, plus de 36 000 Il-2 étaient déjà sortis d'usine, la production de l'Il-10 elle-même ne cessa qu'en 1955, avec près de 5 000 exemplaires supplémentaires (!)

De dimension et de rôle comparables, la version anti-chars du Junkers 87 fut construite à moins de 1 000 exemplaires.

Une fois de plus, la simple loi du nombre l'avait emporté...