... lorsque l'on compare le palmarès des plus grands as allemands à celui de leurs homologues alliés, on est immédiatement frappé par leur extraordinaire disproportion: aux deux ou trois centaines de victoires des premiers correspondent, au mieux, quelques dizaines chez les seconds.
Volant infiniment moins que leurs rivaux, et toujours en supériorité numérique, les pilotes alliés avaient en fait d'autant moins de chances de rencontrer un avion allemand que bon nombre d'entre eux se virent, dès 1943, déchargés des missions d'interception pure au profit de l'attaque au sol, qui constitua dès lors la routine principale de l'aviation anglo-américaine.
Cette réorientation des pilotes s'accompagna bien évidemment d'une évolution analogue de leurs appareils.
Les États-Unis n'étaient pas encore entrés en guerre que l'US Army Air Corps avait demandé aux ingénieurs de Republic de concevoir un nouveau chasseur, capable de rivaliser avec les meilleures productions européennes.
Pour ce faire, Alex Kartveli décida de partir non pas d'une page blanche mais tout simplement... du plus gros moteur américain de l'époque (le Pratt & Whitney R-2800) puis de dessiner l'avion autour !
Loin de la finesse du P51 "Mustang", ou de la grâce du "Spitfire", le P47 "Thunderbolt" évoquait plutôt une énorme cruche. Et lorsqu'ils les virent débarquer en 1943, les pilotes britanniques, habitués à des avions ne dépassant pas trois tonnes, souhaitèrent bonne chance à ces cinglés de yankees qui prétendaient affronter Messerschmitt et autres Focke-Wulf avec un engin qui en pesait facilement le double.
Pourtant, lorsque ses pilotes eurent appris à s'en servir, ce pachyderme de P47 s'avéra un adversaire redoutable, construit en plus grand nombre que n'importe quel autre chasseur américain.
A mesure la chasse allemande était effacée du ciel, les P47 troquèrent leur tenue d'intercepteurs purs au profit de celle de chasseurs-bombardiers.
Dans cet exercice particulier, la masse du P47 et son énorme moteur en étoile, infiniment moins fragile que les moteurs en ligne britanniques, constituèrent des atouts considérables. Traquant le moindre véhicule en mouvement à travers toute l'Europe, les P47 compensèrent ainsi l'infériorité, au moins qualitative, des Alliés en matière de tanks.
Près de 16 000 P47 furent construits, et certains volaient encore dans de nombreuses armées de l'air à la fin des années 1950...
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